Mpox : même en décrue, l’épidémie reste une menace

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Publié le 15/12/2022
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L’épidémie de variole du singe a entraîné plus de 70 000 cas dans le monde, dont plus de 95 % chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. En décrue, elle reste une alerte sanitaire maximale.
Ce virus a provoqué plus de 70 000 cas en quelques mois

Ce virus a provoqué plus de 70 000 cas en quelques mois
Crédit photo : HAZEL APPLETON, CENTRE FOR INFECTIONS/HEALTH PROTECTION AGENCY/S

L’épidémie de variole du singe (monkeypox en anglais), que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) désigne désormais sous le nom de mpox, a connu une « croissance rapide » pour atteindre un pic au cours de l’été en Europe et en Amérique du Nord puis partout dans le monde, avant une « décroissance marquée », a décrit le modélisateur Simon Cauchemez, membre du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars).

La maladie, jusqu'ici endémique en Afrique de l’Ouest, a provoqué plus de 70 000 cas en quelques mois, principalement chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) avec partenaires multiples.

Un tableau clinique différent des épidémies africaines

Les symptômes observés lors de cette « vague » diffèrent de ceux constatés lors des épidémies précédentes en Afrique. Les cas ne présentent pas ou peu de symptômes avant les lésions cutanées (fièvre, adénopathies), un rash apparaissant comme un symptôme précurseur fréquent.

Dans « Clinical Microbiology and Infection » (1), les équipes de Bichat (AP-HP) ont tiré, de l’analyse de plus de 200 cas, le constat d’une transmission majoritairement sexuelle et l'apparition de lésions cutanées (rash, forme pustuleuse généralisée, angine, ulcère pharyngé, papule, vésicule) principalement génitales et périanales, entraînant de fortes douleurs, pouvant justifier une hospitalisation avec prescription de morphiniques.

Des cas de surinfections, cutanées notamment, ont également été rapportés. « Des abcès localisés dans la sphère ORL ont pu mettre en jeu le pronostic vital » des patients concernés, indique le Pr Xavier Lescure, infectiologue à Bichat. Mais, la vague épidémique a entraîné une létalité « extrêmement faible », inférieure à 1 % (28 décès sur plus de 70 000 cas).

Le scénario d’une circulation à bas bruit

La prise en charge repose sur l'antiviral técovirimat, qui inhibe la phase terminale de la réplication virale. Son spectre d'action très large sur les Poxviridae inclut le mpox. Il est indiqué chez les adultes et les enfants à partir de 13 kg. Pour évaluer plus précisément son effet, une cohorte de patients, baptisée Mosaic, a été montée par l'ANRS-MIE, en coopération avec l'université d'Oxford et l'institut Pasteur de Bangui (République centrafricaine).

Un vaccin, nommé Imvanex en Europe et Jynneos en Amérique du Nord, est également disponible. En France, la campagne vaccinale a été lancée dès le 27 mai en prévention post-exposition, quatre à cinq jours après le contact. La vaccination a ensuite été recommandée en prévention pour les groupes les plus exposés au virus : HSH et personnes trans avec des partenaires sexuels multiples, travailleurs du sexe et professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle. Plus tard, elle a été élargie aux femmes partenaires occasionnelles ou partageant le même lieu de vie que des personnes à très haut risque d’exposition au virus.

Pour l’heure, 150 000 injections ont été administrées, mais peu en deuxième dose, pourtant nécessaires pour une protection optimale. Les autorités sanitaires battent ainsi régulièrement le rappel pour encourager à la seconde injection, le délai optimal étant de 28 à 35 jours après la première. Dans son avis rendu le 28 novembre, le Covars estime que le scénario épidémique le « plus probable » à court terme est celui d’une circulation « à bas bruit » du virus, avec un rebond possible.

(1) M. Mailhe et al, Clin Microbiol Infect, 2022. doi: 10.1016/j.cmi.2022.08.012

E. B.

Source : Le Quotidien du médecin