Promotion du vaccin Covid chez les soignants : cibler les « occasionnels » du vaccin grippal, une stratégie doublement gagnante

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Publié le 28/01/2021
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Crédit photo : S.Toubon

Quels leviers actionner pour améliorer la couverture vaccinale des soignants vis-à-vis du Covid ? Selon une enquête chez plus de 3 500 professionnels de santé publiée par Santé publique France, ceux qui sont vaccinés contre la grippe, « même sporadiquement », sont plus à même d'accepter le vaccin Covid. Dans l'objectif d'améliorer la couverture vaccinale contre les deux virus, cibler les efforts de communication auprès de cette population serait une stratégie gagnante en santé publique.

La corrélation d'acceptabilité entre les deux vaccins apparaît très nettement dans ce travail du Geres (Groupe d'étude sur le risque d'exposition des soignants) avec le soutien de l'École des hautes études en santé publique et de la Haute Autorité de santé. Cette enquête nationale, lancée cet été, a recensé par questionnaires les intentions de vaccination contre la grippe mais aussi l'adhésion à celle contre le Covid-19.

Poids de la profession

Outre le poids important de la régularité de la vaccination, l'étude confirme le gradient professionnel d'adhésion à la vaccination : plus fort chez les médecins que chez les infirmiers et moins fort chez les aides-soignants, comme ce qui avait été constaté par le passé. Dans l'enquête, il ressort que, pour la grippe, les médecins étaient 80,5 % à vouloir se faire vacciner, les infirmiers 47,1 % et les aides-soignants 28,0 %. Pour le Covid-19, les chiffres sont proches, respectivement de 78,6 %, 51,4 % et 36,1 %.

De plus, « le raisonnement conduisant à la décision vaccinale est assez comparable », à savoir : éviter de transmettre aux autres, se protéger, contribuer au contrôle de l'épidémie. Parmi les sentiments pouvant avoir un impact défavorable, « on retrouve la crainte des effets secondaires et une méfiance envers les directions des établissements, les autorités de santé ou les laboratoires pharmaceutiques ».

Des spécificités grippe et Covid

La corrélation n'est pourtant pas parfaite, « puisqu'un tiers des personnes vaccinées contre la grippe ne se feraient pas vacciner contre le Covid-19 et, à l'inverse, 40 % des non-vaccinés contre la grippe accepteraient une vaccination contre le Covid-19 ».

Certains déterminants diffèrent entre les deux vaccins. Le manque d'efficacité est la raison principale des refus pour le vaccin grippe, citée par deux tiers des répondants réfractaires, quand le manque d'information et la crainte des effets secondaires étaient avancés, respectivement par trois quarts et plus de la moitié des opposés au vaccin Covid. Quant au genre, il intervient uniquement pour la vaccination Covid, les femmes ayant moins l'intention de se faire vacciner.

Pour les auteurs, il est important d'influer sur les perceptions de la gravité des maladies − différentes entre les deux − et du risque associé aux vaccinations. Mais il s'agit également de viser à rétablir le dialogue entre soignants et directions, « au-delà de la vaccination ». Près de la moitié des défauts de vaccination antigrippale pourrait s'expliquer par le manque d'opportunité ou l'oubli chez ceux se faisant vacciner sporadiquement, est-il souligné. Concentrer les efforts dans cette population, c'est ainsi « une piste pour la promotion de la vaccination antigrippale, et indirectement pour celle de la vaccination contre le Covid-19 », concluent les chercheurs, annonçant qu'une étude plus fine sur les facteurs d'acceptabilité du vaccin Covid a été lancée en décembre 2020.


Source : lequotidiendumedecin.fr