Pédiatrie

Syndrome inflammatoire lié au Covid-19 : une signature immunologique identifiée

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Publié le 11/06/2021
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Une équipe française a mis en évidence une suractivation d’un sous-groupe de lymphocytes T spécifique du syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique lié au Covid.
Sur le plan clinique, le PIMS  s’apparente au syndrome de Kawasaki

Sur le plan clinique, le PIMS s’apparente au syndrome de Kawasaki
Crédit photo : Phanie

Le syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique lié au Covid (PIMS ou MIS-C), initialement apelé Kawasaki-like, est aujourd’hui bien identifié et pris en charge, et il ne semble pas entraîner de séquelles à long terme (cf. encadré). Néanmoins, les raisons pour lesquelles certains enfants vont développer ce syndrome quelques semaines après une infection Covid restent incomprises. Des chercheurs et cliniciens français* apportent un nouvel éclairage dans une étude parue dans « Science Immunology » : ils ont identifié une signature immunitaire particulière chez 75 % des enfants ayant eu un PIMS.

« Le PIMS est un syndrome qui peut être très sévère et initialement inconnu. Beaucoup de chercheurs ont commencé à s’y intéresser il y a un an, notamment sur le plan immunologique, car cela peut donner des indications sur la pathogénie, raconte au « Quotidien » la chercheuse Shen-Ying Zhang, qui travaille dans le laboratoire de Génétique humaine des maladies infectieuses à l’Institut Imagine (Paris). Dans notre étude, nous avons cherché à identifier la signature immunologique ainsi que la cause génétique humaine selon le phénotype clinique des patients ».

Des similitudes avec le syndrome du choc toxique

Tandis que, sur le plan clinique, le PIMS s’apparente au syndrome de Kawasaki, certains enfants ont développé une forme très sévère qui présente des similitudes en termes de réponse inflammatoire avec le syndrome du choc toxique staphylococcique associé à l’utilisation de dispositifs vaginaux périodiques (tampons).

Pour comprendre ces ressemblances, les scientifiques ont comparé l’expression des cytokines sanguines ainsi que le répertoire et le phénotype des lymphocytes T de 36 cas de PIMS à 16 de maladie de Kawasaki, 58 cas de syndrome de choc toxique et 42 cas de Covid-19 (11 enfants et 31 adultes).

« Il est connu que les gens qui ont un syndrome du choc toxique ont une signature immunologique caractérisée par la suractivation d’un sous-groupe de lymphocytes T, les Vβ, et qu’un superantigène sert de déclencheur pour activer le système immunitaire », rapporte la chercheuse. Avec son équipe et ses collaborateurs, ils ont émis l’hypothèse qu’un processus similaire était en jeu dans le PIMS. Et c’est effectivement le cas pour trois quarts des jeunes patients, à ceci près qu’il s’agit d’un type de Vβ différent (Vβ21.3 T).

Identifier la cause originale

« Le superantigène n’a pas encore été identifié mais ce sera la prochaine étape, nous y travaillons, tout comme d’autres équipes à l’international », précise Shen-Ying Zhang, ajoutant que l’étude a aussi permis de confirmer que des taux élevés de cytokines sont observés chez les enfants PIMS (en particulier les IFN-γ).

Cette signature immunologique fondée sur les cellules Vβ21.3 T, retrouvée chez les cas les plus sévères, peut être identifiée par prélèvement sanguin pendant la phase aiguë du syndrome, en moins de 24 heures. Elle pourrait ainsi contribuer à un diagnostic plus rapide.

« À partir d’une cohorte internationale de 500 patients, nous allons désormais tenter de découvrir la cause génétique à l’origine de ce phénotype chez certains enfants, avance la chercheuse. Quand nous aurons identifié le défaut en jeu, nous pourrons proposer des traitements spécifiques aux jeunes patients ». À noter que la prise en charge actuelle repose sur l'association de corticoïdes et d'immunoglobulines.

*L’étude a été menée par des chercheurs du Centre international de recherche en infectiologie (Université Lyon 1, Inserm, CNRS, ENS de Lyon) et des cliniciens des Hospices civils de Lyon, en collaboration avec l’Université Sorbonne Paris 6 et l’Institut Imagine (AP-HP, Inserm, Université de Paris) et d’autres centres hospitaliers français.

Charlène Catalifaud

Source : Le Quotidien du médecin