Voies d’abord en soins intensifs

Une éponge imbibée de chlorhexidine réduit les infections du cathéter

Publié le 26/03/2009
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LES CATHÉTERS posés dans les voies veineuses centrales chez les patients en USI sont sources d’infections, redoutées chez ces malades souvent en état critique. Pour la prévention des infections, un nouveau matériel est à l’étude, sous la forme d’une éponge imprégnée de gluconate de chlorhexidine (BioPatch), placée sur le site d’insertion de la voie veineuse centrale.

Les membres du « Dressing Study Group » (Jean-François Timsit et coll.), s’appuyant sur différentes données de la littérature, ont testé l’hypothèse que ces éponges imprégnées de chlorhexidine (EIC) pourraient réduire le taux des infections majeures associées aux cathéters (critère principal d’évaluation), définies par l’existence d’un sepsis lié au cathéter avec ou sans infection atteignant le courant sanguin ; et aussi qu’allonger l’intervalle entre deux changements de pansement n’augmenterait pas le taux de ces infections majeures, si le pansement n’est pas souillé.

Un total de 2 095 patients en USI a été inclus (3 778 cathéters et 28 931 jours cathéter). Le pansement comportant l’EIC a été appliqué sur toute la surface de la peau, au point d’insertion du cathéter et tout autour. Un pansement semi-transparent est ensuite appliqué.

Les résultats montrent que l’usage du pansement avec EIC réduit de 60 % le risque d’infections majeures liées au cathéter dans cette population ayant un taux de base d’infections bas. En effet, les auteurs précisent que les mesures recommandées pour la prévention des infections liées au cathéter sont largement utilisées dans les USI qui ont participé à l’étude, où le taux de base de ces infections est inférieur aux 4 % habituellement prévisibles.

L’usage de l’EIC réduit également la colonisation du cathéter (critère secondaire d’évaluation) ; la taille de l’effet est similaire à celui relevé pour le critère d’évaluation principal.

Réfections des pansements espacées.

Par ailleurs, réduire le rythme de réfection des pansements peut être porté à 7 jours au lieu de 3 jours sans augmentation du risque d’infection, si le pansement demeure propre et adhérent. Cette mesure ne peut s’appliquer que sous le couvert d’une surveillance pluriquotidienne du pansement, qui doit immédiatement être changé lorsqu’il est souillé ou décollé. Cette observation corrobore d’autres résultats, dans le cadre de transplantation de moelle, montrant qu’allonger les intervalles de changement de pansement peut réduire les traumatismes et les risques d’infection et se révéler être d’un bon rapport coût/efficacité, ce qui est intéressant concernant le pansement BioPatch, qui est d’un coût non négligeable.

JAMA, 225 mars 2009, vol. 301, n° 12, p. 1231-1 241.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr