C’est la Coupe du monde de rugby qui a véritablement servi de répétition générale pour la gestion et la prévention des crises pendant la période des Jeux olympiques (JO). « C’était la première fois que l’on avait recours à un centre national de commandement stratégique », explique Marie Baville, directrice du nouveau centre au sein de la Direction générale de la santé (DGS). Ce centre de commandement, réactivé à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques, rassemble des représentants des ministères de la Santé et de la Justice, des forces de gendarmerie et de la sécurité civile.
Chargé de faire de la prospective sur les menaces potentielles, le centre des crises sanitaires dispose également d’un agent de liaison au sein du centre de commandement. Et pour cause : ce sont ses membres qui ont préparé tous les scénarios de réponses aux incidents pouvant entraîner une tension forte sur le système de santé. Ils ont travaillé selon trois axes : cartographier les risques et anticiper une riposte, préparer les différents maillons de la chaîne de soin aux situations sanitaires exceptionnelles et gérer l’événement au quotidien avec une doctrine en ressources humaines (RH) adaptée.
Le Centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales (Corruss), qui gère au quotidien toutes les alertes sanitaires au sein du Centre de crises sanitaires, est passé au niveau d’activation CO-2 depuis le12 juillet et passera au niveau CO-3 dès le 22 juillet, et ce pour toute la durée des Jeux. Le quatrième et dernier niveau d’activation pourrait être enclenché en cas d’événement majeur.
Adapter l’offre de soins et lutter contre les fake news
Concrètement, le niveau CO-2 implique la présence permanente de quatre agents dédiés au suivi des indicateurs spécifiques aux JO. « Ces signaux sont traités par nos analystes - pharmaciens, médecins, épidémiologistes, ingénieurs en génie sanitaire, cadre de santé - qui vont appuyer les mesures de gestion de crise », explique Matthieu Metzger, chef du Corruss. De plus, cinq agents supplémentaires sont prêts à venir compléter l’effectif du centre à tout moment. Lors du passage en CO-3, une deuxième équipe de même taille est mise en place, de même qu’une cellule d’anticipation chargée d’analyser les signaux faibles. La multiplication des équipes leur permet de se spécialiser et ce dispositif permettra de poursuivre la veille et l’anticipation des risques sanitaires en dehors des JO.
Enfin, une cellule d’expertise sur l’offre de soins analyse les données hospitalières et pré-hospitalières et assiste les agences régionales de santé (ARS) si un renforcement des moyens se révèle nécessaire. Selon la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin, interrogée lors d’une visite du Corruss, 1 300 lits d’hôpitaux supplémentaires ont d’ores et déjà été armés à l’AP-HP et dans 12 autres établissements ; le Samu bénéficie d’une augmentation de 20 % de ses moyens pendant la période des Jeux. « Nos équipes vont également traquer les éventuelles fake news et préparer des communiqués de démentis si nécessaire », complète Matthieu Metzger.
Les risques anticipés par le Centre des crises sanitaires sont principalement de trois ordres : canicule, risque infectieux, en particulier lié à la rougeole et la coqueluche, et enfin la menace d’attentat. Récemment, une recrudescence des cas de Covid-19 a été rapportée dans plusieurs délégations olympiques sur le point de rejoindre la France. Les équipes françaises de judo et de natation ont déjà pris des dispositions spécifiques.
Pour chacune de ces menaces, « nous avons rédigé des fiches réflexes à destination des ARS les plus exposées » au sein desquelles des agents d’alerte du Centre de crise sont présents, poursuit Marie Baville. Le centre s’inspire principalement des retours d’expérience de la Coupe du monde de rugby dont les nombreux exercices d’intervention ont été menés dans les stades accueillant les matchs.
En tout, quatre exercices interministériels ont été réalisés pour améliorer la collaboration interservices, de même que des exercices sur table et d’autres spécifiques pour tester la montée en puissance des capacités d’accueil hospitalière. « Nous nous appuyons sur les dispositifs classiques que sont les cellules de crises ministérielles », ajoute Marie Baville.
Pas de barrière de la langue
Si le public attendu pour les célébrations est nombreux, le caractère international de l’événement ne devrait, en soi, pas poser de problèmes de communication entre patients et soignants. « Les données de la billetterie font état d’un public français à 85 % et de beaucoup d’anglophones, prévient Marie Baville. Il n’y aura pas plus d’étrangers à Paris au cours de l’été 2024 que pendant n’importe quel autre été. »
À l’échelon en dessous du centre de commandement stratégique, l’anticipation et la gestion des éventuelles crises sanitaires qui pourraient intervenir au cours des compétitions sont à la charge des préfets des sites où ont lieu les épreuves, avec les ARS en appui. « Cette chaîne de commandement est issue du retour d’expérience des compétitions organisées en France », se souvient Marie Baville.
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