Grâce à un PET-scan sophistiqué

Un bond dans la prédiction du risque d’Alzheimer

Publié le 30/03/2009
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UNE NOUVELLE avancée dans l’évaluation du risque de survenue d’une maladie d’Alzheimer est proposée par des chercheurs américains de l’Arizona. En utilisant une évolution du PET scan (tomographie à émission de positons), ils ont pu évaluer la quantité de dépôts de fibrilles d’amyloïde bêta (Aß) chez des sujets indemnes. Toutefois Eric M. Reiman et coll. ne sont pas persuadés que de telles investigations sont d’ores et déjà à recommander en clinique. Ce type de prédiction soulève encore beaucoup d’interrogations.

L’équipe est partie d’un fait connu, les porteurs de l’allèle epsilon 4 de l’apolipoprotéine E sont à risque majoré de maladie d’Alzheimer. En revanche, les études n’ont pu déterminer si la quantité d’Aß déposée au niveau cérébral, chez des individus âgés, sains au plan cognitif, avait une valeur prédictive. Les chercheurs ont donc eu recours à une cohorte de patients qu’ils suivaient déjà. Ces 28 personnes cognitivement indemnes, âgées en moyenne de 64 ans, étaient issues de familles à risque d’Alzheimer. Elles ont été classées selon leur typage en APOE4 : 8 homozygotes, 8 hétérozygotes et 12 non porteurs.

Ces participants ont subi un PET scan utilisant un radioligand, le PiB (C-labeled Pittsburgh Compound B), dont la propriété est de se lier aux agrégats fibrillaires d’Aß. La numérisation des images a permis de caractériser la distribution du PiB.

Les dépôts fibrillaires dans les diverses aires cérébrales concernées par la maladie d’Alzheimer sont significativement associés au statut APOE4 des participants et à la quantité de gène epsilon 4. Les quantités les plus élevées sont mises en évidence chez un participant qui venait de déclarer des troubles cognitifs légers.

La quantité fibrillaire Aß.

« Ces résultats suggèrent que la quantité fibrillaire Aß chez des individus âgés cognitivement normaux est associée à la charge en gène APOE epsilon 4 » écrivent les auteurs. Même si cette quantité est inférieure à celle trouvée chez des patients déjà atteints, elle est présente avant même l’âge moyen de survenue de l’affection. Ils ajoutent que l’imagerie des fibrilles Aß, couplée à d’autres marqueurs de l’amyloïde, de la protéine tau, de pathologies neuronales et d’autres facteurs de risque, pourra servir en dépistage préclinique. Ce qui offrira la possibilité d’une prise en charge précoce, mais aussi l’évaluation des thérapeutiques préventives.

Pour séduisante que soit cette avancée au plan scientifique, les auteurs sont moins convaincus sur un plan plus humain. Plusieurs points devront être clarifiés avant d’aller plus avant : quelles conséquences pour un individu de lui prédire quand il risque de déclarer la maladie ? Que signifie l’évaluation positive chez un individu non porteur de l’APOE 4 ? Les avantages de la prédiction chez un sujet indemne surpassent-ils les inconvénients psychosociaux et économiques ? De nouvelles études sont nécessaires.

Proc Natl Acad Sci USA, doi/10.1073/pnas.0900345106.

 Dr GUY BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr