Une équipe de chercheurs a mis en évidence un lien possible entre un allergène présent dans la viande rouge et la quantité de plaques dans les artères du cœur. Les résultats de cette étude des National Institutes of Health (NIH) sont publiés dans « Arteriosclerosis, Thrombosis, and Vascular Biology ».
« Les consommateurs réguliers de viande rouge ont une augmentation du risque cardiovasculaire, mais jusqu'à maintenant, ce risque était surtout attribué à l'apport en graisses saturées », commente pour « le Quotidien » le Dr François Paillard du centre de prévention cardiovasculaire de l'hôpital Pontchaillou de Rennes.
Il estime que « cette hypothèse immunoallergique est une piste intéressante », même si « ces résultats sont pour l'instant très préliminaires ».
26 % des patients présentent des anticorps anti-α-Gal
Le galactose-α-1,3-galactose (α-Gal) est un oligosaccharide responsable d'une allergie retardée à la viande rouge. Afin d'établir un potentiel lien entre α-Gal et athérome, les chercheurs ont analysé la présence d'immunoglobulines E (IgE) spécifiques d'α-Gal dans le sérum de 118 patients. « Ces patients sont tous des coronariens par définition, puisqu'ils sont venus pour une coronarographie », précise le Dr Paillard.
Les IgE anti-α-Gal ont été détectées chez 26 % des patients. Ceux-ci présentaient à l'imagerie une accumulation de plaques dans les artères 30 % plus importante que les autres, même après ajustement en fonction du sexe, du diabète, de l'hypertension, de l'utilisation de statines et du taux d'IgE total.
Les plaques étaient également plus instables en termes de structure chez ces patients, ce qui suggère un risque accru d'accident cardiovasculaire.
Une morsure de tique rendrait sensible à l'allergène
Cette association était par ailleurs davantage marquée chez les patients de moins de 65 ans. Cela pourrait s'expliquer notamment par le fait que cette catégorie de personnes serait plus exposée à la tique Lone Star, dont la morsure rendrait sensible à l'α-Gal en déclenchant une réponse immunitaire.
« La plupart des sujets présentant des IgE à α-Gal n'ont pas de symptômes allergiques », précisent les auteurs.
Ils ajoutent : « La sensibilité des IgE à l'α-Gal peut représenter un nouveau facteur de risque potentiellement modifiable pour l'athérosclérose coronarienne », précisant que des études cliniques avec des cohortes plus importantes sont nécessaires.
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