Enfant et migrant : quand le soin devient politique

Comment assurer la santé des plus fragiles ?

Publié le 09/12/2019
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Avec une logique parfois contradictoire de contrôle des flux migratoires et de protection sociale liée à l’enfance en danger, la santé des personnes migrantes reste un sujet sensible dont les modalités de prise en charge font débat. Les enfants primo-arrivants représentent une population particulièrement vulnérable, dont l’accès aux soins devrait être facilité, avec des enjeux préventifs de santé publique globale.
Les structures dédiées manquent de moyens et d’effectifs

Les structures dédiées manquent de moyens et d’effectifs
Crédit photo : phanie

Les politiques migratoires sont au cœur du débat public en Europe et en France, notamment en ce qui concerne l’accueil des migrants et l’accès aux soins des étrangers. Les enfants migrants sont une population spécifique vulnérable à prendre en compte, avec des spécificités liées notamment aux situations complexes des mineurs non accompagnés, qui bénéficient d’un statut juridique particulier (1).

Le Haut-Commissariat des Réfugiés (HCR) faisait état en 2015 d’environ 53 millions de personnes en exil (réfugiés internationaux ou apatrides), avec une forte proportion d’enfants parmi eux. En France, l’Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) estime le nombre de demandeurs d’asile supérieur à 100 000 dans les différents centres d’accueil (enfants et adultes). Pour l’année 2018,la demande d’asile globale atteignait ainsi les 122 743, en hausse de 22 % par rapport à 2017. Les principaux pays d’origine de ces demandes en 2017 étaient l’Afghanistan (10 221), l’Albanie (8 261), la Géorgie (6 717), la Guinée (6 621) et la Côte d’Ivoire (5 256).

En Europe, le nombre de mineurs non accompagnés demandeurs d’asile était en forte augmentation, avec 24 075 mineurs en 2014. En France, les chiffres ne font que croître, avec près de 14 908 jeunes comptabilisés d’après la mission MNA du ministère de la justice en 2017, alors qu’ils n’étaient que 8 054 en 2016 et 2 055 en 2013. Les départements de Paris (75) et de Seine-Saint-Denis (93) sont les deux qui y recensent le plus grand nombre de MNA, dont le profil est majoritairement un adolescent de sexe masculin âgé en moyenne de 16 ans.

Exergue : Les enfants de retour de zone de conflit ou ayant traversé la Libye au cours de leur périple de migration sont les plus à risque d’avoir été victimes de sévices physiques ou torture

Pédiatre, consultation enfant-migrant, Pass pédiatrique, Centre de vaccinations internationales, Urgences pédiatriques, CHU Jean Verdier, Bondy

(1) Pham LL. Med thérap péd. 2018;1-6 doi:10.1684/mtp.2018.0686

(2) Redditt VJ et al. Can Fam Physician. 2015 Jul;61(7):e303-9

(3) Bennet R. Infect Dis. 2017;49(7):501‑6

(4) Husain M et al. Congrès Médecins Sans Frontières (MSF), Stockholm avril 2019

(5) WHO-UNHCR-Unicef joint technical guidance: general principles of vaccination of refugees, asylum-seekers and migrants in the WHO European Region. 2016

(6) InfoVac-France. Rattrapage des vaccinations chez l’enfant et l’adulte 2019

(7) Mipatrini D et al. Pathog Glob Health 2017;111(2):59-68

Dr Luu-Ly Pham

Source : lequotidiendumedecin.fr