Réanimation pédiatrique

Le décubitus ventral améliore l'oxygénation des nouveau-nés

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Publié le 27/01/2023
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Des chercheurs français ont testé l'effet respiratoire et hémodynamique du décubitus ventral pendant six heures chez des nouveau-nés en insuffisance respiratoire (syndrome de détresse respiratoire aiguë, maladie des membranes hyalines, dysplasie bronchopulmonaire évolutive).
Les bénéfices du décubitus ventral, déjà connus chez les adultes présentant un SDRA

Les bénéfices du décubitus ventral, déjà connus chez les adultes présentant un SDRA
Crédit photo : Passim/Phanie

Selon des travaux réalisés par l’équipe du service de pédiatrie et de réanimation néonatales de l’hôpital Antoine-Béclère (AP-HP), associée à des chercheurs de l’université Paris-Saclay et de l’Inserm, et publiés dans la revue « eClinical Medicine », le retournement en décubitus ventral améliore l'oxygénation des nourrissons atteints de différents types d'insuffisance respiratoire aiguë sévère, tels que le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA).

Les bénéfices du décubitus ventral, déjà connus chez les adultes présentant un SDRA, ont été mis en avant ces dernières années avec la pandémie de Covid-19. Jusqu'à présent, il n'existait aucune donnée en réanimation néonatale.

L’équipe de recherche, dirigée par le Pr Daniele de Luca (hôpital Béclère/université Paris-Saclay), a étudié les effets du décubitus ventral dans trois types courants d'insuffisance respiratoire néonatale : la maladie des membranes hyalines, le SDRA et la dysplasie bronchopulmonaire évolutive, ce trouble mixte restrictif/obstructif lié à la prématurité. Les nouveau-nés présentant d'autres troubles pulmonaires, des malformations ou des troubles hémodynamiques étaient exclus.

De meilleurs résultats chez 100 % des patients

Un total de 161 nouveau-nés hospitalisés entre le 1er mai 2019 et le 31 mai 2021 a été inclus dans l'étude. Ces jeunes patients ont commencé leur séjour en décubitus ventral ou en décubitus dorsal, puis ont été déplacés vers la position alternative toutes les six heures. Les variables (pression transcutanée du dioxyde de carbone PtcCO2, index ventilatoire, index d'oxygénation, PtcO2/FiO2, SpO2/FiO2, échographie pulmonaire visant à en mesurer le niveau d'aération) étaient relevées 30 minutes après chaque positionnement ou repositionnement puis une nouvelle fois à la fin de la période de six heures. Les auteurs ont également mesuré le rythme cardiaque.

Par rapport au décubitus dorsal, le décubitus ventral était associé à une amélioration clinique chez 100 % des patients avec les trois formes d’insuffisance respiratoire sans effets secondaires significatifs. Les effets les plus importants étaient observés chez les malades atteints de dysplasie bronchopulmonaire évolutive.

Les auteurs concluent qu'un retournement toutes les six heures peut être utilisé pour améliorer les échanges gazeux et l'aération pulmonaire chez les nouveau-nés avec insuffisance respiratoire prise en charge en réanimation. « Il s'agit des premières données jamais produites sur les effets du positionnement en décubitus ventral en néonatalogie », expliquent-ils. De plus, la période de six heures choisie dans l'essai « est la plus longue jamais étudiée », se félicitent-ils.

B. Loi et al, eClinical Medicine, décembre 2022. doi.org/10.1016/j.eclinm.2022.101791

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin