Suivi psychologique des enfants

Les pédopsychiatres alertent

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Publié le 14/09/2017
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Le Dr Claudine Desobry, vice-présidente de l’Association des psychiatres de secteur infantojuvéniles (API) l'affirme : « Les familles nous consultent de plus en plus souvent en premier recours, d’autant plus que la PMI et la médecine scolaire ne sont plus en mesure de répondre à toutes les demandes ».

Mais l’âge moyen des pédopsychiatres publics, actuellement de 52 ans, ne cesse d’augmenter et les hôpitaux ne considèrent pas cette activité comme prioritaire : « Nous travaillons pour que les enfants soient suivis le plus tôt possible et nous privilégions les partenariats avec les autres professionnels de l’enfance, mais nous redoutons, à terme, de ne plus pouvoir remplir correctement nos missions », ont regretté les membres de l’API lors d’une rencontre nationale à Strasbourg.

Une clinique des fratries

Ces journées ont notamment fait le point sur la « clinique des fratries », en abordant des problématiques mal connues, mais d’autant plus fréquentes que les familles recomposées se multiplient. « Les couples qui forment une nouvelle famille en y intégrant leurs enfants issus d’unions précédentes souhaitent que ces enfants vivent comme des frères et sœurs », constate le Dr Nicole Steinberg, chef de pôle au centre hospitalier d’Erstein, mais ces recompositions touchent aussi aux liens symboliques, à la place de chacun et à la sécurité affective. La « nomination » des nouvelles fratries – « ton nouveau frère, ton presque frère, ton beau-frère », n’est pas sans conséquence non plus et, estime ce praticien, « les médecins traitants devraient pouvoir répondre à ces questionnements lorsque des familles abordent avec eux ce type de sujets, par exemple après un divorce ». Chaque enfant doit retrouver sa place dans la nouvelle famille, dans le respect de son espace et de sa pudeur.

Pourtant, les dérives ne sont pas rares, et certaines restent taboues, à l’image des incestes au sein des nouvelles fratries : des actes qu’il faut là aussi détecter tôt pour en réduire les conséquences. Enfin, les pédopsychiatres de secteur rappellent tous ensemble leurs préoccupations croissantes face à l’utilisation de plus en plus précoce des écrans par les enfants, qui, chez les moins de trois ans, entraînent des attitudes proches de l’autisme. Le Dr Steinberg rappelle, là aussi, l’urgence d’une prise en charge précoce : surtout avant deux ans, l’arrêt des expositions aux écrans peut améliorer les choses, ce dont s’aperçoivent parfois directement certaines familles. Mais si l’exposition massive dure plus longtemps, personne ne sait exactement quelles en seront les conséquences à long terme. Toutefois, déplore-t-elle, « même si l’on commence enfin à parler de cette question des écrans, les médecins restent encore trop peu sensibilisés, sans parler des familles. »

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du médecin: 9601