Asthme : la SPLF persiste et signe

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Publié le 12/01/2022
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Les nouvelles recommandations pour la prise en charge et le suivi des patients asthmatiques (à partir de 12 ans) viennent de paraître, sous l’égide de la SPLF et la SP2A (1). Toujours à rebours du Gina, elles se veulent pratiques, notamment pour les médecins généralistes, et se présentent sous un format questions/réponses.
Des recommandations pragmatiques adaptées aux outils disponibles

Des recommandations pragmatiques adaptées aux outils disponibles
Crédit photo : phanie

Les dernières recommandations sur l’asthme dataient de 2016, il était donc nécessaire de les mettre à jour. De plus, il fallait clarifier la situation : la Société de pneumologie de langue française (SPLF) avait déjà exprimé des réserves concernant l’indication en première intention de l’association fixe formotérol-corticostéroïdes inhalés (CSI) dès le stade 2, comme le préconisait le Gina en 2019 et à nouveau en 2021. « Les nouvelles recommandations se démarquent des propositions du Gina au regard des données de la littérature scientifique et de celles de l’AMM (1). Pour la SPLF, il y a lieu de garder une place pour l’utilisation d’un β2-agoniste à courte durée d’action (B2CDA) à la demande pour traiter la crise d’asthme et soulager les symptômes », explique la présidente de la SPLF, la Pr Chantal Raherison-Semjen (CHU de Pointe-à-Pitre, Guadeloupe).

Diagnostic initial

Devant des symptômes évocateurs d’asthme, la recherche d’une obstruction variable des voies aériennes repose sur la spirométrie si celle-ci est disponible ou, en l’absence, sur la variabilité du débit expiratoire de pointe. « Tous les médecins traitants n’ont pas accès à la spirométrie. Nous avons donc été très pragmatiques et avons réhabilité le débit expiratoire de pointe, qui est un bon outil. Celle-ci doit être recherchée sur au moins 15 jours. En cas de trouble ventilatoire obstructif, le médecin traitant peut réaliser un test de réversibilité par bronchodilatateurs à la demande ou par un traitement d’épreuve (faibles doses de CSI pendant 4 à 6 semaines), en évaluant la réponse clinique », souligne la Pr Raherison-Semjen.

Bilan allergologique

L’enquête allergologique doit être systématique dans l’asthme. Les tests cutanés aux pneumallergènes sont recommandés en première intention. La positivité de l’enquête allergologique permet de définir le phénotype allergique de l’asthme, de guider la prise en charge et de proposer le cas échéant une immunothérapie allergénique.

Prise en charge d’une exacerbation sévère

En cas d’exacerbation sévère, la prise du bronchodilatateur adrénergique d’action rapide doit être régulière et importante. « La prescription d’un nébuliseur étant réservée au pneumologue, nous avons bien spécifié, pour rassurer le médecin traitant, que l’utilisation d’un bêta-2-mimétique en spray, délivré dans une chambre d’inhalation, apportait une amélioration de la fonction pulmonaire identique à celle obtenue avec une nébulisation », précise la Pr Raherison-Semjen.

Le patient doit commencer immédiatement une corticothérapie orale. Pour les adultes, la prednisone ou un équivalent à 0,5-1 mg/kg/jour, sans dépasser 60 mg/jour, généralement pendant 5 à 7 jours. Un arrêt progressif n’est pas nécessaire si le traitement a été administré pendant moins de deux semaines.

Lors de la visite de suivi, le médecin doit évaluer la réponse au traitement de l’exacerbation et réévaluer les facteurs déclenchants potentiels.

En cas d’asthme difficile (mal contrôlé malgré un traitement comprenant des CSI à doses moyennes ou fortes, associés à des bronchodilatateurs de longue durée d’action) ou d’asthme sévère, un suivi par un pneumologue s’impose.

Au cours de la grossesse

Les points clés de cette nouvelle recommandation concernant l’asthme de la femme enceinte sont les suivants : informer, éduquer, rassurer et suivre. Il est recommandé d’optimiser le contrôle de l’asthme pendant la grossesse et de prévenir la survenue d’exacerbations pour éviter le risque de complications, surtout pendant le premier trimestre. Un suivi rapproché impliquant le médecin généraliste, l’obstétricien et le pneumologue, est recommandé.

Bilan des facteurs environnementaux

Qu’il s’agisse de l’air intérieur, du tabagisme passif ou actif, des moisissures, de la pollution atmosphérique, des pesticides, etc., les facteurs environnementaux sont à considérer. « Lutter contre ces facteurs constitue l’une des 33 propositions du Livre Blanc Asthme et inégalités pour les patients », rappelle la Pr Raherison-Semjen.

(1) C Raherison-Semjen et al. Mise à jour des recommandations pour la prise en charge et le suivi des patients asthmatiques adultes sous l’égide de la SPLF et la SP2A. Rev Mal Respir 38(2021):1048-83

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin