Du diagnostic au long cours

À Brest, un parcours optimisé pour l’embolie pulmonaire et la phlébite

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Publié le 06/12/2017
embolie pulmonaire

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Crédit photo : DR

Au fil des ans, le CHU de Brest s’est imposé comme un centre de référence pour la prise en charge des embolies pulmonaires et des phlébites. « Nous avons structuré un parcours de soins complet, depuis la phase de diagnostic jusqu’à la prise en charge au long cours », explique Francis Couturaud, professeur de pneumologie au CHU de Brest et président du Groupe d'étude de la thrombose de Bretagne Occidentale (GETBO).

Numéro vert

Il y a cinq ans, le Pr Couturaud a mis en place un numéro vert « Thrombose » que peuvent joindre tous les médecins du Finistère, des Côtes d’Armor et du Morbihan. « Ils peuvent nous appeler pour un avis, mais aussi pour nous adresser des patients en cas de suspicion ou de traitement d’une embolie pulmonaire ou une phlébite. Ce numéro vert peut aussi être utilisé par tous les services du CHU, pouvant être concernés par ces patients. En général, ces derniers arrivent soit via les urgences, soit directement sur les plateaux techniques, pour faire un écho-Doppler, un scanner thoracique ou une scintigraphie en médecine nucléaire », précise le Pr Couturaud.

Screening

En parallèle, son équipe réalise un screening, deux fois par jour, sur tous les patients ayant eu un scanner de médecine nucléaire ou un écho-Doppler, afin de détecter un patient ayant fait un problème d’embolie pulmonaire ou de phlébite. « C’est important d’identifier assez tôt les patients nécessitant une prise en charge dans notre filière de soins. Nous avons donc une très large exhaustivité sur les pathologies thromboemboliques veineuses dans la région car nous sommes devenus un point d’entrée de référence », souligne le Pr Couturaud.

Les patients adressés au CHU de Brest peuvent ensuite être inclus dans des protocoles de recherche diagnostique, thérapeutique, épidémiologique ou étiologique. « Les patients qui ne peuvent pas être inclus dans un protocole, bénéficient quand même d’une prise en charge optimale par la filière de soin. Ils peuvent être traités en ambulatoire, ou hospitalisés quelques jours le temps que leur état se stabilise », indique le Pr Couturaud.

Une consultation à froid systématique

De manière systématique, les patients sont revus au bout d’un mois pour une consultation de débriefing. « J’ai mis en place cette consultation en tenant compte des enseignements issus de la socio-anthropologie. On s’est rendu compte, en effet, qu’un certain nombre de patients ayant fait une embolie pulmonaire pouvaient ensuite présenter un syndrome posttraumatique. L’annonce de la pathologie, qui survient parfois après une longue errance diagnostique, peut provoquer un vécu très douloureux. Certains patients ont de grosses incertitudes sur l’avenir, sur le risque pour leur descendance. Le risque familial existe. Dans un quart des cas, l’embolie pulmonaire est liée à un problème héréditaire. Nous sommes donc là pour répondre à toutes ces questions », indique le Pr Couturaud.

Une des interrogations les plus fréquentes concerne le problème de la contraception et des grossesses de jeunes femmes de la famille, ayant un lien de premier ou deuxième degré avec le patient. « C’est la raison pour laquelle j’ai mis en place, il y a un an, une consultation avec une gynécologue spécialisée dans les problèmes vasculaires », indique le Pr Couturaud.

Des protocoles de recherche

Ensuite, tous les patients sont revus trois à six mois plus tard. « Pour certains patients, cela peut être l’occasion de faire une consultation d’arrêt de traitement. Mais il y a aussi des patients qui ont besoin d’une prise en long cours. C’est ce que j’avais montré dans une étude sur la durée de traitement, publiée il y a deux ans dans le JAMA. La conclusion était qu’il ne fallait pas stopper le traitement chez les patients ayant des épisodes thrombo-emboliques veineux sans circonstances déclenchantes », indique le Pr Couturaud, en ajoutant que le « modèle » brestois suscite l’intérêt. « Les CHU de Rennes et de Nantes souhaiteraient s’organiser sur la base de notre modèle ».

D’après un entretien avec le Pr Francis Couturaud, professeur de pneumologie au CHU de Brest, responsable de l’équipe d’accueil Inserm EA3878 et président du Groupe d'étude de la thrombose de Bretagne Occidentale (GETBO).

Antoine Dalat

Source : lequotidiendumedecin.fr