Fibrose pulmonaire idiopathique

Dans l’attente des résultats de la cohorte COFI

Publié le 24/03/2011
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LES OBJECTIFS de l’étude prospective de la cohorte COFI, initiée il y a trois ans a de grâce à un contrat de recherche PHRC et au soutien du Legs Poix, sont multiples objectifs : préciser l’histoire naturelle de la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI), notamment les proportions de patients dont l’évolution est lentement progressive, qui développent des exacerbations aiguës, ou d’autres complications comme une hypertension artérielle pulmonaire et ensuite relier la survenue de ces événements à un ensemble de paramètres (antécédents personnels, antécédents familiaux, exposition à des facteurs d’environnement et à des médicaments, comorbidités, etc.). L’étude a également un versant économique puisqu’elle doit s’attacher à évaluer l’impact de la fibrose pulmonaire idiopathique sur les coûts de santé, sachant que cette affection est marquée par des hospitalisations fréquentes. Une évaluation réalisée « dans la vraie vie » de l’impact des comorbidités sera rendue possible par cette étude, ce qui n’avait jamais été fait auparavant.

« Il faut souligner que plus de vingt services de pneumologie de centres hospitalo-universitaires français ont collaboré à cette initiative et que 220 patients ayant donné leur consentement ont été inclus après validation du diagnostic par un groupe pluridisciplinaire centralisé de révision des dossiers. S’agissant d’une étude prospective, les cas prévalents ont été d’emblée éliminés pour ne conserver que ceux dont les caractéristiques permettaient d’affirmer le caractère récent de la fibrose pulmonaire idiopathique », explique le Pr Dominique Valeyre, investigateur et coordonnateur de la cohorte COFI.

L’étude est pour l’instant toujours en cours, mais l’annonce de ses résultats se rapproche puisque les inclusions sont terminées depuis décembre 2010 et que le recueil des données évolutives doit s’achever fin décembre 2011. « Pour l’heure, on peut seulement dire que le recrutement a été conforme à ce qui avait été prévu et donner une photographie de l’épidémiologie de la FPI au moment de son diagnostic, car le nombre d’événements évolutifs recueillis devant permettre de conclure l’étude ne sera atteint que dans le courant de l’année 2011 », souligne le Pr Valeyre, rappelant que les données attendues devrait améliorer sensiblement les connaissances sur l’expression de la maladie ainsi que sur ses facteurs de risques.

Une exploitation prévue des données biologiques et génétiques.

De plus cet énorme travail collaboratif a été l’occasion de centraliser la collecte de multiples échantillons biologiques qui vont permettre de prolonger l’étude par d’autres analyses, afin, notamment, d’examiner les facteurs pathogéniques et peut-être de déterminer des facteurs pronostiques.

« Au moins deux équipes de recherche ont déjà des contrats pour exploiter ultérieurement les données biologiques et il y aura certainement une étude génétique spécifique », précise à cet égard le Pr Valeyre. C’est dire si la fin de cette étude est attendue avec d’immenses espoirs, sachant que la fibrose pulmonaire idiopathique reste aujourd’hui une affection au pronostic redoutable. Si son incidence est plus faible que celle du cancer bronchique (3 000 à 5 000 cas par an en France contre 25 000 à 30 000), la gravité de ces deux atteintes pulmonaires est du même ordre avec une médiane de survie de 24 à 36 mois et une survie à 5 ans inférieure à 20 %. Or, pour l’instant, les traitements anciennement recommandés comme les corticoïdes et les immunosuppresseurs n’apportent pas de bénéfice évident et sont à la source de nombreux effets indésirables. La prise en charge repose sur l’oxygénothérapie et la réhabilitation pulmonaire, ainsi que sur le traitement des comorbidités, fréquentes chez ces patients volontiers en surcharge pondérale (reflux gastro-œsophagien, syndrome d’apnées du sommeil, pathologie cardio-vasculaire, etc.). À ce jour, une seule option thérapeutique a permis d’allonger la survie : la transplantation pulmonaire qui malheureusement ne peut bénéficier qu’à une minorité de patients. Il existe heureusement de nombreux essais thérapeutiques en cours dont, là encore, les résultats attendus ouvrent des espoirs légitimes. « À ce jour, il faut souligner les résultats obtenus notamment sur la fonction respiratoire à court et moyen terme avec la N-acétylcystéine, un antioxydant, de même qu’avec la pirfénidone, une molécule possédant des propriétés anti-inflammatoires et antifibrosantes. Même si le bénéfice est modeste et ne traduit pas par un bénéfice en termes de survie, élément crucial dans cette maladie sévère, il s’agit là d’avancées potentiellement prometteuses », conclut le Pr Dominique Valeyre.

D’après un entretien avec le Pr Dominique Valeyre, hôpital Avicenne, Bobigny.

Conflits d’intérêts : le Pr Valeyre a fait partie des steering committees et/ou participé comme investigateur aux essais thérapeutiques suivants, dont certains sont en cours : INSPIRE (interféron-γ1b, Intermune) ; CAPACITY (pirfénidone, Intermune) ; BUILD 1 et 3 (bosentan, Actelion), MUSIC (macitentan, Actelion), BIBF (antityrosine-kinase, Boehringer Ingelheim).

Dr PATRICIA THELLIEZ

Source : Bilan spécialistes