Le constat sévère des États généraux de la santé respiratoire

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Publié le 17/12/2021
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Pour la Société de pneumologie de langue française et ses associations partenaires, 2021 a été l'année du bilan. Lors des États généraux de la santé respiratoire, a été dressée la liste de tout ce qui pèche en France en matière de prévention et de prise en charge sociale et médicale.
Près de 10 millions de Français sont touchés par une maladie des voies respiratoires

Près de 10 millions de Français sont touchés par une maladie des voies respiratoires
Crédit photo : Phanie

En ouverture des États généraux de la santé respiratoire, la Société de pneumologie de langue française (SPLF), accompagnée de 24 associations de patients et de médecins, a présenté les conclusions de la consultation citoyenne et d'une enquête Ipsos qui posent les bases des revendications auprès des candidats à l'élection présidentielle.

Près de 10 millions de Français sont touchés par une maladie des voies respiratoires. Alors que l'incidence est destinée à augmenter sous l'influence conjuguée du réchauffement climatique et de la pollution, seulement 45 % des Français souffrant de gêne respiratoire récurrente s'estiment à risque de développer une maladie chronique.

Trois piliers

À partir de 450 contributions citoyennes, les groupes de travail des assises ont abouti à un corpus de propositions rassemblées en trois piliers : prévenir et lutter contre les facteurs environnementaux, prendre en charge les maladies respiratoires tout au long de la vie et lutter contre l’exclusion sociale et sanitaire sur l’ensemble du territoire.

Ils demandent aux candidats à l'élection présidentielle d'organiser, dans les 100 premiers jours de mandat, une Conférence nationale de santé environnementale et respiratoire afin de préparer un projet de loi-cadre. Ils suggèrent aussi de renforcer la communication médiatique à l’ensemble des maladies concernées et de l'assortir à des messages ciblés sur les facteurs de risque environnementaux.

Le président de France BPCO, Philippe Poncet a insisté sur le renforcement du nombre de conseillers médicaux en environnement intérieur. « Rien que pour faire le tour des habitations des 160 000 patients BPCO, il faudrait des années avec les moyens disponibles actuellement », explique-t-il. Et « rien qu'en retirant les sols en PVC des habitations, on divise par deux le risque d'asthme des enfants en ne les exposant plus aux phtalates », cite en exemple Philippe Camus.

Outre la construction d'un parcours de soins, le dépistage tout au long de la vie est une demande insistante des participants aux assises. Cela passe par la formation, l'équipement et le renforcement de la médecine scolaire et de la médecine du travail.

Autres requêtes : le financement de la recherche - notamment via la création d'un fonds de recherche en santé respiratoire public-privé abondé par les prélèvements de taxes sur les activités et industries polluantes - et l’accès aux thérapies innovantes. « Il s'écoule en ce moment trois ou quatre ans entre l'octroi de l'AMM européenne et la mise à disposition sur le marché », fait remarquer le Pr Bruno Crestani, membre du Conseil d’administration de la Fondation du souffle.

Enfin, dans le troisième axe consacré à la lutte contre l’exclusion sociale et sanitaire, il est demandé de garantir la reconnaissance du handicap respiratoire et l’accès aux droits et prestations adaptées, ainsi que le soutien de l’inclusion des malades en établissement scolaire et dans la vie professionnelle.

La présidente de l'association des déficitaires en alpha-1 antitrypsine, Sandrine Lefrancois, estime que l'intégration des patients passera par l'évolution des maisons départementales pour les personnes handicapées (MDPH). « Il faut harmoniser les droits au plan national et individualiser l'évaluation des patients, indique-t-elle. Et si le dépistage augmente, le nombre de patients suivra et les MDPH auront besoin de plus en plus de moyens. »

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin