L’EXPÉRIENCE accumulée depuis plusieurs années dans la prise en charge des patients souffrant de dépression résistante a permis de mettre en évidence la fréquence, dans ce contexte, du syndrome d’apnées du sommeil (SAOS).
« Concrètement, un certain nombre de patients présentent à la fois une dépression et un SAOS, tandis que pour d’autres, la survenue du SAOS a sans doute pu être favorisée par la prise de poids inhérente aux traitements antidépresseurs. Chez ces patients suivis pour dépression résistante ou dépression bipolaire, la présence d’au moins trois symptômes évocateurs de SAOS doit conduire à réaliser au minimum une polygraphie ventilatoire ou, idéalement, une polysomnographie avec enregistrement électroencéphalographique, afin de confirmer le diagnostic. Parmi les symptômes d’alerte : l’obésité, le ronflement, l’asthénie diurne, l’hypersudation, la nycturie, ou encore l’asthénie sexuelle, souvent très importante et elle-même facteur de manifestations dépressives », précise le Dr François Marchand. Chez les patients ainsi dépistés, la mise en route d’un traitement adapté par ventilation par pression positive continue (VPPC), permet de supprimer les apnées, mais aussi d’améliorer, voire de guérir la dépression. Le traitement peut alors être revu à la baisse, et même, dans certains cas, arrêté. Chez les patients souffrant de dépression bipolaire et ayant un SAOS, le traitement régulateur de l’humeur reste nécessaire, mais le nombre de rechutes est alors réduit.
Cliniquement, le bilan cognitif, souvent très altéré, en particulier dans les fonctions exécutives, avant le dépistage du SAOS et son traitement par VPPC, s’améliore nettement. De même, la réduction de la latence d’apparition du sommeil paradoxal, signe très significatif de la dépression, disparaît avec le traitement par VPPC comme cela a pu être observé en réalisant un nouvel enregistrement polysomnographique.
10 % de la population.
Il importe donc aujourd’hui de rechercher systématiquement, chez les patients ayant une dépression résistante, des signes évocateurs d’un SAOS, qui concernerait environ 10 % de la population, avec une nette prédominance masculine. « Les délais de rendez-vous pour un enregistrement polysomnographique ont été considérablement réduits depuis quelques années, ce qui raccourcit le temps au diagnostic. En pratique libérale, le psychiatre et le pneumologue sont ainsi conduits à travailler ensemble, en relation avec le médecin référent, ce qui était jusqu’alors assez inhabituel », souligne le Dr Marchand.
D’après un entretien avec le Dr François Marchand, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière et service du Pr Marie-Odile Krebs, centre hospitalier Sainte-Anne, Paris.
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