Pr Chantal Raherison-Semjen : « À nous de prouver aux pneumologues qu'ils tirent un bénéfice à nous rejoindre à la SPLF »

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Publié le 21/02/2020

Nouvelle présidente de la Société de pneumologie de langue française (SPLF) à compter de février 2020, la Pr Chantal Raherison-Semjen entend bien poursuivre l'action du Pr Roche pour asseoir la SPLF en tant qu'acteur incontournable à tous les niveaux, tout en y ajoutant sa touche personnelle.

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LE QUOTIDIEN : Cela fait des années que vous êtes impliquée à la SPLF. Quels sont vos domaines de prédilection ?

Pr CHANTAL RAHERISON-SEMJEN : Professeur de pneumologie au CHU de Bordeaux, je m'occupe principalement de l'asthme et de la BPCO sévères, et des maladies rares. Au sein de la SPLF, j'anime le groupe de travail « Femmes et poumons » et m'occupe des recommandations pour la prise en charge de l'asthme et de leur réactualisation. Enfin, dans le cadre de l'Inserm (CR1219), je travaille sur l'impact de l'environnement sur la santé respiratoire et allergique.

Votre sensibilisation sur les sujets qui touchent les femmes va-t-elle ressortir lors de votre présidence ?

Il n'y avait pas eu de femme présidente de la SPLF depuis les années 1990 ! Cependant, mon objectif n'est pas d'oublier les hommes, mais plutôt d'intégrer le fait que les femmes sont confrontées à des problèmes qui leur sont propres. Notre groupe de travail a déjà commencé à travailler sur le thème des pathologies respiratoires chez les femmes et sur leurs spécificités : je souhaite effectivement amplifier cette voie. On a vu de plus en plus d'enfants avec des pathologies respiratoires sévères, arriver à l'âge adulte grâce aux progrès de la médecine. On voit donc de plus en plus de jeunes femmes avec une pathologie respiratoire et qui s'interrogent à juste titre sur les modalités de leur contraception, sur le suivi de leur grossesse, etc. Il est donc très important d'échanger là-dessus avec leurs médecins généralistes et les gynécologues. Par ailleurs, se pose aussi la question de la BPCO au féminin, en nette progression.

Qu'en est-il des autres sujets d'actualités ?

Tout le monde attend bien évidemment les réactions de la SPLF sur le climat, la pollution, les pesticides etc. Nous sommes en première ligne car l'impact respiratoire est au premier plan des conséquences sanitaires des grands changements attendus liés au changement climatique notamment. Je souhaite donc que la SPLF se positionne sur ces sujets, sans attendre de nouvelles grandes alertes sanitaires.

Allez-vous continuer à promouvoir la SPLF auprès de vos confrères ?

Je souhaite en effet que la SPLF soit encore plus représentative des pneumologues et pour cela, il nous faudrait davantage d'adhérents. Aujourd'hui, environ la moitié des pneumologues adhèrent à notre société savante. Pour inciter les autres à venir nous rejoindre, à nous de leur prouver qu'ils vont en tirer un bénéfice. C'est pourquoi l'une de mes premières missions sera de faire connaître tout ce que nous faisons, auprès de tous nos collègues, quelles que soient leurs modalités d'exercice. La SPLF a notamment une mission de formation et de perfectionnement des pneumologues, mais aussi d'information en pneumologie des autres professionnels de santé. Ce rôle d'interface de tous les professionnels qui gravitent autour de la santé respiratoire va donc être renforcé. Concernant les autres missions de la SPLF, la promotion de la pneumologie dans la formation médicale générale et des autres formations spécialisées, reste d'actualité.

Que souhaitez-vous faire sur les plans de la recherche et de la communication ?

Notre expertise scientifique repose sur pas moins de 25 groupes de travail, il est important de communiquer sur le dynamisme et l'excellence de la SPLF. Je souhaite aussi plus d'articulations et de communications entre les groupes de travail car il existe de nombreuses possibilités de mutualisation. L'expertise scientifique reste le cœur de la SPLF avec la recherche en pneumologie. La SPLF a enfin une mission d'élaboration et de mise en œuvre de programmes de lutte contre les maladies respiratoires : un aspect qui va être développé dans les années qui suivent.

Quid des relations internationales ?

Ces relations sont déjà bien implantées dans l'espace de la francophonie. La SPLF est aussi en relations avec les autres sociétés savantes à l'international et notamment la Société européenne respiratoire. Les sociétés savantes dans l'espace francophone de pneumologie, attendent beaucoup des projets et des relations établies avec la SPLF : il est important de développer ces projets avec eux, de pérenniser ces relations, d'en développer de nouvelles.

Et des relations avec les autres sociétés savantes ?

Concernant les collaborations avec les autres sociétés savantes qui existent déjà, elles sont à pérenniser. Pour les autres, elles sont à établir. Il nous faut assurer une unité de communication en pneumologie, quelles que soient les modalités d'exercices.

Propos recueillis par la Dr Nathalie Szapiro

Source : lequotidiendumedecin.fr