Sevrage tabagique

Seul 1 fumeur sur 10 a été suivi médicalement 

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Publié le 01/06/2017
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Crédit photo : PHANIE

Avec 78 000 décès par an dont 47 000 par cancer, le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France. Malgré ces chiffres alarmants, notre pays continue de se placer au dernier rang des nations les plus riches d’Europe avec 30 % de fumeurs parmi la population totale.

Dans ce panorama peu encourageant, une étude réalisée en avril 2017 auprès de 1 103 fumeurs par l’institut IFOP pour le laboratoire Pfizer révèle pourtant que près de sept fumeurs sur dix ont déjà tenté d’arrêter le tabac, dont 42 % à plusieurs reprises. Lorsqu’on leur demande quelles stratégies ils ont adoptées pour tenter de se sevrer, ces fumeurs qui n’ont finalement pas réussi à se débarrasser de cette addiction révèlent, pour plus de la moitié d’entre eux (52 %), avoir entrepris cette démarche sans aucun accompagnement. En ce qui concerne l’autre moitié, 37 % disent avoir eu recours à des méthodes comme la sophrologie, l’hypnose ou les substituts nicotiniques vendus en pharmacie et seulement 11 % témoignent avoir consulté un professionnel de santé pour les appuyer dans cette démarche. Ces chiffres prouvent à quel point la démarche de sevrage tabagique reste très fortement liée à une approche individuelle qui élude souvent le fait que « cette dépendance, parmi les plus fortes de tous les produits addictifs, n’est pas corrélée à la volonté de la personne », comme le rappelle le Dr Anne-Laurence Le Faou, responsable du centre ambulatoire d’addictologie de l’hôpital Européen Georges Pompidou (Paris). Pour mémoire, les chances de rester abstinent à 1 an après un arrêt sans accompagnement ne sont que de 3 %.

Un fumeur sur deux prêt à recourir à un traitement

Parmi les fumeurs qui se sont tournés vers un professionnel de santé pour les aider dans leur démarche d’arrêt du tabac, 37 % ont eu recours à un tabacologue, 36 % à un médecin généraliste et 14 % à un pharmacien d’officine. Près des trois quarts d’entre eux se disent par ailleurs satisfaits de la qualité de leur accompagnement, quelle qu’en ait été l’issue. Pour le Dr Le Faou, cette démarche est essentielle : « Un fumeur qui souhaite arrêter doit être pris en charge par son médecin de ville ou éventuellement un pharmacien. » Et ce d’autant plus qu’ « une personne qui a arrêté une ou deux fois sans succès va parfois se décourager » et a donc plus que jamais besoin d’être aidée par un professionnel de santé. La principale raison invoquée par les fumeurs pour expliquer un échec de sevrage reste d’ailleurs, sans surprise, le stress (37 %) juste devant la peur du manque (15 %).

Le fait que la moitié de l’échantillon ait déjà tenté l’arrêt du tabac sans aucune aide explique en partie pourquoi ils sont également 51 % à se déclarer prêts à suivre un traitement médical, dont 24 % accompagnés d’un professionnel de santé. Cette fraction représente 66 % des fumeurs ayant déjà essayé d’arrêter de fumer plusieurs fois, 43 % des 18-24 ans et 57 % des 65 ans et plus. Parmi les réfractaires à l’idée de traitement, ils sont tout de même 44 % à affirmer que le remboursement de ce dernier les motiverait plus à arrêter. Des données qui n’étonnent pas le Dr Le Faou pour qui « la prise en charge financière est un frein de moins pour entreprendre un sevrage », d’autant que plus « nous sommes toujours dans un système où les médicaments non remboursés sont considérés comme inefficaces ».

Benoît Thelliez

Source : Le Quotidien du médecin: 9585