Féminisation de la profession

Une parité qui avance doucement

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Publié le 28/04/2023
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Parmi les pneumologues, on recense pratiquement 50 % des femmes. Mais elles sont encore largement absentes des postes de responsabilité.
Un impératif pour créer un climat de travail serein, motivant et équitable

Un impératif pour créer un climat de travail serein, motivant et équitable
Crédit photo : BURGER / PHANIE

« La pneumologie est une spécialité où la parité est presque atteinte. Mais on constate que la féminisation de la discipline est relativement récente. Il reste encore des progrès à faire dans la nomination des femmes à des postes de responsabilité, ou comme conférencières dans les congrès », souligne la Pr Anne-Claire Toffart, pneumologue au CHU Grenoble-Alpes.

Ce constat s’appuie d’abord sur les chiffres du conseil de l’Ordre. Au 1er janvier 2022, parmi les pneumologues inscrits comme des actifs réguliers, on recensait 48,2 % de femmes : une quasi-parité. Quand on regarde du côté des inscrits comme retraités actifs, on constate que la proportion d’hommes est bien plus importante. « Cela montre que l’arrivée des femmes en pneumologie est un phénomène assez récent », indique la Pr Toffart, en citant d’autres chiffres, ceux des inscrits à la Société de pneumologie de langue française (SPLF). « Parmi les 1 468 membres, on dénombre 44 % de femmes. Un chiffre qui tombe à 40 % parmi les médecins séniors, mais qui est de 56 % parmi les internes inscrits à la SPLF », ajoute-t-elle. L’arrivée des femmes est donc récente et en progression constante.

Changer les habitudes

Autre constat : parmi les pneumologues inscrits au Congrès de pneumologie de langue française (CPLF), on recense 55 % des femmes. « Cela montre une volonté des femmes d’aller chercher des connaissances, en participant au congrès. Mais il y a encore des progrès à faire sur les orateurs lors du congrès. Parmi les conférenciers, il y a seulement 32 % de femmes. Il y a donc un travail de sensibilisation à faire. Peut-être qu’un certain nombre de femmes auraient pu être choisies, mais l’habitude a conduit à privilégier des hommes », souligne la Pr Toffart.

Les femmes pneumologues restent aussi très minoritaires aux postes de responsabilité. « Parmi les hospitalo-universitaires, on dénombre 21 % de femmes. Là encore, on voit que la tendance évolue. J’ai été nommée professeure en 2021. Parmi les six promus, il y avait alors trois hommes et trois femmes. L’idée n’est pas de dire qu’il faut à tout prix des femmes, quelles que soient leurs compétences. Mais à compétences égales, il faut encourager la nomination des femmes. Il faut aussi faire un travail de sensibilisation pour convaincre un certain nombre de femmes qu’elles sont tout à fait capables de prendre des responsabilités », estime la Pr Toffart, en se félicitant de l’intérêt porté à ce combat par le Pr Jesus Gonzalez, actuel président de la SPLF. « Dans ce combat, on peut aussi saluer le rôle important joué depuis des années par la Pr Chantal Raherison-Semjen, responsable du groupe Femmes et poumons », ajoute la pneumologue.

Le Pr Toffart fait partie de l’association « Donner des elles à la santé ». Sa mission est d’encourager le monde de la santé à « changer son regard pour sortir des stéréotypes » et s’engager dans une démarche de mixité. « Les professions de la santé se féminisent. 61 % des médecins de moins de 40 ans sont des femmes. 80 % des métiers du care, comme les infirmières et les aides-soignantes sont assumées par des femmes. Or, dans une étude Ipsos présentée en octobre 2021, 87 % des femmes médecins affirment s’être senties discriminées dans leur carrière à cause de leur sexe et 93 % de médecins hommes ont déjà fait le constat d’une situation discriminante à l’égard des femmes dans le milieu hospitalier. S’engager et agir en faveur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes est un impératif pour créer un climat de travail serein, motivant et équitable pour l’ensemble des personnes travaillant dans des établissements de santé », affirme l’association.

Exergue : « A compétences égales, il faut encourager la nomination des femmes »

Entretien avec la Pr Anne-Claire Toffart, pneumologue au CHU Grenoble Alpes.

Antoine Dalat

Source : Bilan Spécialiste