Une voie d’avenir pour la pneumologie libérale

Vers des équipes de soins spécialisés

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Publié le 28/04/2023
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Il faut développer les regroupements de spécialistes à l’échelle départementale, pour assurer la prise en charge de patients ayant besoin d’une expertise particulière.

Une organisation efficace de deuxième recours

Une organisation efficace de deuxième recours
Crédit photo : GARO/PHANIE

« Il faut vraiment que les pneumologues libéraux n’hésitent pas à s’engager dans la création d’équipes de soins spécialisés (ESS), préconise le Dr Bruno Stach, président du syndicat de l’appareil respiratoire (SAR). C’est vraiment une voie d’avenir pour la pneumologie libérale. Et c’est le moment d’y aller pour recevoir des aides des Agences régionales de santé (ARS), qui sont vraiment intéressées par le développement de ce nouveau mode d’organisation des soins. »

C’est une loi de 2019 qui a créé les bases légales des ESS. Il s’agit, selon le code de la santé publique, d’un ensemble de professionnels de santé constitué autour de médecins spécialistes d’une ou plusieurs spécialités, hors médecine générale, choisissant d’assurer leurs activités de soins de façon coordonnée avec l’ensemble des acteurs d’un territoire, dont les équipes de soins primaires, sur la base d’un projet de santé qu’ils élaborent entre eux.

Mais il a fallu quelques années pour que le concept soit compris et accepté. « Désormais, on sent que cela bouge », se félicite le Dr Stach, pour qui le développement des ESS répond à une évolution de l’organisation des soins. « Avant, le regroupement se faisait dans un même lieu : le cabinet des spécialistes. Mais tout a changé avec le développement de la télémédecine, en particulier la téléconsultation et de la télé-expertise. Désormais, on peut imaginer un regroupement de spécialistes dans un même lieu mais virtuel », indique le Dr Stach, en précisant que la création des ESS se fait aujourd’hui plutôt à l’échelle du département. « En fonction des besoins, il peut y avoir deux équipes dans un même département ».

Au départ, l’idée était de créer des équipes de soins spécialisées autour du suivi des pathologies chroniques. « Puis, on s’est rendu compte qu’il valait mieux se regrouper par spécialité », indique le Dr Stach. « Dans les Hauts-de-France, on a déjà créé une ESS en ophtalmologie. Et des équipes en pédiatrie et en pneumologie vont bientôt voir le jour », ajoute-t-il.

Par spécialité plutôt que par maladie

Ces ESS ont vocation à assurer des soins de deuxième recours, en lien avec le médecin traitant. « Si ce dernier n’a pas les ressources nécessaires en soins spécialisés dans sa zone d’exercice, il peut s’appuyer sur l’ESS, dans le respect du parcours de soins. Les établissements de santé (publics ou privés) sont aussi des partenaires des ESS. Elles peuvent décharger les urgences, en prenant en charge certains patients dans le cadre de soins non programmés. Une autre option peut être d’hospitaliser directement un patient dans un service où travaille un pneumologue de l’ESS. Ce qui évite, là encore, un passage aux urgences », explique le Dr Stach. Les ESS sont aussi des lieux d’organisation de réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP) ou des réunions de concertation pour l’asthme (RCA).

« Ces ESS peuvent être très utiles pour des patients ayant besoin d’une expertise très particulière, pas forcément identifiée tout de suite par le médecin de premier recours. Les ESS pourront très vite les orienter », indique le Dr Stach en insistant sur la nécessité de laisser chaque ESS s’organiser en fonction des spécificités de son territoire. « Les ESS ont vocation à s’occuper des asthmes sévères, des BPCO, de la cancérologie ou des problèmes de sommeil. Et cette prise en charge spécialisée se fera bien sûr en lien avec les autres professionnels de santé, les kinés, les infirmiers de pratique avancée, etc. Il faut vraiment s’engager dans cette voie, sinon, au bout d’un moment, la pneumologie libérale ne sera plus visible », prévient-il.

Entretien avec Dr Bruno Stach, président du syndicat de l’appareil respiratoire

Antoine Dalat

Source : Bilan Spécialiste