Troubles psychiatriques en première année d’université

Beaucoup sont touchés, peu consultent

Publié le 08/07/2009
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LES PREMIERS résultats de l’étude de Pierre Verger et coll., conduite en 2005/2006 auprès de 1 723 étudiants de 18-24 ans inscrits en première année de l’une des six universités de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) (« le Quotidien » du 23/09/2008), avaient permis d’évaluer la prévalence de la détresse psychologique à 25,7 % soit plus d’un étudiant sur quatre (25,7 %). Le second volet révèle que les troubles anxieux sont les plus fréquents (15,7 %), suivis par les dépressions caractérisées (8,9 %) et les troubles liés à l’utilisation de substances (8,1 % liés à la consommation d’alcool, de cannabis ou autres drogues illicites).

Chez 51,7 % des étudiants touchés, le retentissement fonctionnel est important, que ce soit au niveau de la capacité de travail ou de leurs études ou dans les relations avec leurs proches et les relations sociales. Et pour 40 %, la présence de symptômes est suffisamment fréquente et/ou durable pour constituer une gêne dans le travail ou les études. L’existence d’une comorbidité est associée à un retentissement important (76,6 %).

Préoccupant.

« Ce résultat est préoccupant et rejoint des observations précédemment publiées chez les adolescents et les jeunes adultes », soulignent les auteurs. Il pourrait, selon eux « constituer l’une des explications, en plus d’autres causes liées à l’orientation universitaire ou à l’organisation du travail, du taux d’échec de plus de 50 % observé à l’issue de la première année d’université en France ».

Contrastant avec le retentissement fonctionnel constaté chez plus d’un étudiant concerné par un trouble psychiatrique sur deux, le taux de recours à des professionnels de santé pour des symptômes de la sphère mentale reste faible (30,5 %). Les motifs de non-recours pourraient être liés à l’absence ou à la méconnaissance de l’offre de services de soins, à un scepticisme quant à l’efficacité des traitements ou à un défaut de perception du besoin de recours aux soins. Les auteurs notent que les Bureaux d’appui psychologique universitaires (BAPU), mis en place dans certaines universités pour permettre un accès gratuit des étudiants à des soins en santé mentale, se sont peu développés (un seul BAPU pour 6 universités en région PACA au moment de l’étude). Ils appellent « à une réflexion sur l’organisation de l’offre de services de soins et de prévention dans le champ de la santé mentale aux étudiants universitaires prenant en compte la situation particulière de cette population ».

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr