L’histoire du jour

Dames de fer

Publié le 25/09/2012
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Une chaîne de montre, une douille, un clou cavalier, une petite cuillère, cinq clés longues, quatre pièces de monnaie, un crochet de porte, deux clous tordus et un tire-bouton : voilà ce qui fut découvert en 1915 dans l’estomac d’une jeune femme de 26 ans hospitalisée pour des douleurs et des vomissements noirâtres quinze jours après avoir avalé « accidentellement » un crochet.

Le mot « corps étranger » aurait fait son apparition dans le vocabulaire médical au milieu du XVIIIe siècle.

L’histoire raconte que la première radiographie réalisée en 1896 au Royal Hospital of London concernait une épingle dans le pied d’une femme ; que chez un soldat qui prétendait s’être fait mordre par un cheval, la radiographie a découvert cinq épingles.

La nature fait parfois bien les choses : une jeune femme qui avait avalé une épingle à chapeau a été sauvée par des adhérences qui ont obturé une perforation intestinale.

Dans l’estomac, les objets peuvent se modifier. Même les fourchettes, écrit Donald Macallister en 1929.

Qu’est-ce qui pousse les patients à s’introduire des corps étrangers ? Béatrice A., jeune Anglaise, est à cet égard un bon modèle d’étude. Hospitalisée à plusieurs reprises entre 1898 et 1909 pour s’être introduit des épingles à cheveux dans la vessie, elle raconte que, auparavant, elle avait des envies irrésistibles de se jeter par la fenêtre, ce qu’elle avait fini par faire. Pulsions auxquelles elle avait mis un terme en s’adonnant à l’introduction d’épingles à cheveux là où elles n’ont rien à faire.

Sarah Chaney. The Lancet du 22 septembre 2012, p. 1050-1.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9163