Fibromyalgie

Le bénéfice de l’activité physique

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Publié le 04/10/2017
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Crédit photo : Phanie

Cela fait un moment que la Dr Stéphanie Ranque-Garnier s’intéresse aux bénéfices de l’activité physique adaptée dans le domaine de la santé. « Avant de travailler sur les maladies chroniques et plus particulièrement sur la fibromyalgie, j’ai suivi des patients atteints de cancer. Et encore avant, j’ai été médecin du sport », explique cette femme de 41 ans, qui exerce dans le Centre d’évaluation et de traitement de la douleur à l’hôpital de la Timone (APHM) à Marseille.

Fibromyactiv

Fin juin, la Dr Ranque-Garnier a été récompensée par l’attribution du Prix CASDEN du jeune chercheur de la Fondation de l'avenir. Ce prix lui a été décerné pour ses travaux sur l’efficacité de l’activité physique adaptée chez les personnes atteintes de fibromyalgie. Une efficacité que la Dr Ranque-Garnier a choisi de démontrer dans le cadre du programme Fibromyactiv. « Dès 2010, la Haute Autorité de santé (HAS) a proposé d’utiliser l’activité physique adaptée au même titre que les autres interventions multi-modales : l’éducation thérapeutique, les TCC (la gestion des rythmes, émotions et du stress) ou l’apprentissage des techniques psychocorporelles (relaxation, autohypnose, méditation pleine conscience…). Et de plus en plus, les recommandations, en particulier celles de l’EULAR en 2016, considèrent l’activité physique comme un traitement de réponse à prescrire en première intention », indique la Dr Ranque-Garnier.

Amélioration du score de dépression

Le programme Fibromyactiv vise donc à démontrer le bénéfice d’une activité physique régulière et adaptée. « Notre étude porte sur 80 patients fibromyalgiques auxquels on propose 3 séances trois fois par semaine pendant six mois. Ces séances sont encadrées par des éducateurs physiques et un kinésithérapeute. Les résultats de ces 40 patients sont comparés à ceux de 40 autres patients suivis dans le service auxquels on ne propose pas cette activité. Pour l’instant, on a inclus 40 patients », indique la Dr Ranque-Garnier, en précisant que le prix a été attribué à mi-parcours pour permettre à l’étude de disposer d’une dotation (20 000 €) rendant possible l’utilisation de l’imagerie cérébrale fonctionnelle et de certains dosages biologiques. « C’est là l’une des originalités de cette approche : le fait de démontrer comment l’activité physique peut faire évoluer le fonctionnement cérébral en corrélation avec la qualité de vie des patients. Pour avoir des données concernant la qualité de vie, il faudra attendre d’avoir inclus nos 80 patients pour avoir la puissance statistique nécessaire. Mais en attendant, on a déjà constaté chez les 40 premiers patients, dès le premier mois une amélioration immédiate en fin de séance de l’humeur, de la fatigue et très souvent de la douleur des patients du groupe expérimental, par rapport à ceux du groupe contrôle. Au bout du 4e mois, on a vu une amélioration notable de la qualité de vie spécifique et de la souplesse. Au bout du 6e mois, on a enfin noté une amélioration du score de dépression », indique la Dr Ranque-Garnier.

Un travail interdisciplinaire

Dans le cadre de ce programme, les encadrants veillent à s’adapter au profil de chaque patient et font attention à ce que l’activité physique n’exacerbe aucun symptôme. « Au mieux, cela est amélioré. Au pire, cela reste inchangé. On apprend aux patients à mesurer le temps maximal symptomatique (TMS). Il s’agit du temps au bout duquel un symptôme, par exemple, la douleur, va s’exacerber pour tel type d’activité. Par exemple, si cela survient au bout de 40 minutes de marche, on va conseiller au patient de ne pas dépasser 20 ou 30 minutes pour avoir un calibrage de sécurité ».

Le programme Fibromyactiv veille aussi à délivrer un panel d’activités calibrées par des professionnels spécialement formés avec une certaine variété (aquagym, équithérapie, marche nordique, QI Gong, circuits training…), adaptées aux goûts du patient, à ses besoins physiologiques et à sa condition du jour. « Il est important de préciser que cette recherche, rencontre soignant, soignés, sportifs, est le fait d’une équipe pluriprofessionnelle, avec un travail interdisciplinaire riche », souligne la Dr Stéphanie Ranque-Garnier,

D’après un entretien avec la Dr Stéphanie Ranque-Garnier, centre d’évaluation et de traitement de la douleur à l’hôpital de la Timone (APHM) à Marseille.

Antoine Dalat

Source : lequotidiendumedecin.fr