Polyarthrite rhumatoïde

Le tocilizumab, inhibiteur de l’IL6

Publié le 02/06/2010
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DE NOMBREUX travaux expérimentaux ont démontré le rôle primordial de l’interleukine 6 (IL6) dans la polyarthrite rhumatoïde (PR) débutante. Il était donc logique d’envisager que le fait d’agir sur cette cytokine constitue une voie thérapeutique nouvelle pour traiter la polyarthrite.

L’IL6 intervient à un stade précoce de la PR par de multiples mécanismes. Non seulement, c’est une cytokine pro-inflammatoire mais elle intervient aussi dans des processus immunitaires tels que l’activation lymphocytaire B qui est augmentée dans la PR précoce. L’immunité innée mise en jeu dès que se produit une infection et qu’un pathogène pénètre dans l’organisme joue un rôle dans la PR. Or, l’IL6 libérée dès que se produit une infection virale ou une infection bactérienne, pourrait être le reflet de la stimulation de l’immunité innée par des pathogènes. L’IL6 active les lymphocytes B soit directement avec différenciation en plasmocytes qui sécrètent des anticorps, soit indirectement via les lymphocytes TH17 sécrétant de l’IL17 qui active les lymphocytes B autoréactifs. L’IL6 est augmentée dans le sérum à un stade très précoce de la PR et même avant le début des manifestations cliniques. C’est la seule cytokine qui augmente plus dans la PR récente que dans l’arthrite indifférenciée. Enfin, l’augmentation d’IL6 est corrélée à la progression structurale de la PR. Pour le Pr Xavier Mariette (CH Kremlin-Bicêtre), « l’ensemble de ces résultats souligne l’intérêt que pourrait avoir une thérapeutique anti-IL6 au tout début de la PR ».

Ces constatations ont donné lieu au développement d’un inhibiteur de l’Il6 dans la PR : le tocilizumab (RoActemra) qui peut être utilisé dans la PR active modérée à sévère, en première ligne de biothérapie ou après échec d’un anti-TNF alpha, soit en association au méthotrexate, soit en monothérapie. Cinq grandes études internationales ont démontré l’intérêt du tocilizumab chez des patients insuffisamment répondeurs au méthotrexate ou aux anti-TNF alpha. Son efficacité se caractérise par une importante rapidité d’action, un taux de rémission de 30 %, une poursuite de l’efficacité au cours du temps et une diminution de la progression structurale de 80 % à deux ans. Des résultats de même type sont obtenus en monothérapie. La tolérance est similaire à celle obtenue avec les autres biothérapies : quelques cas d’infections graves (4,7/100) et de perforations digestives (2,8/100) ont été notées. « Il n’y a pas d’inquiétude à avoir, précise le Pr Philippe Goupille (CHRU Tours), en ce qui concerne la tolérance cardio-vasculaire ou le risque d’infections malignes. » (cf. fiche CRI* disponible sur http://www.cri-net.com)

Symposium Roche-Chugai aux 55es Journées du Centre Viggo Petersen.

CRI* : Club Rhumatismes et Inflammation.

 YVONNE ÉVRARD

Source : Le Quotidien du Médecin: 8781