Du présentiel au distanciel

L’ère du e-congrès

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Publié le 16/04/2021

Pour répondre aux exigences sanitaires liées au Covid-19, la Société française de rhumatologie a dû s’adapter. Son congrès annuel 2020 a donc été exclusivement proposé en ligne, via une plateforme dédiée. Quels sont les avantages et les inconvénients de ce moyen de formation ?

Les taux de connexion sur la plateforme ont été excellents

Les taux de connexion sur la plateforme ont été excellents
Crédit photo : phanie

L’essence même d’un congrès médical réside dans sa faculté à réunir la profession, à favoriser l’échange entre confrères, tout en leur permettant de se former. Le congrès de la Société française de rhumatologie (SFR), qui se tient chaque année en décembre, ne déroge pas à la règle. « Cet automne, en raison de la crise sanitaire, nous avions déjà anticipé l’organisation d’un congrès sous un format hybride (présentiel et distanciel). Cette décision était en partie liée à la limitation de la jauge, à l’impossibilité probable pour certains participants de se déplacer, ou à leur volonté de ne pas assister au congrès en raison de la pandémie », souligne le Pr Thierry Thomas, ancien président de la SFR. Pour cela, la société savante avait créé une plateforme numérique avec ses partenaires permettant de diffuser le congrès en ligne. « Dès le départ, cette plateforme avait été dimensionnée pour proposer si nécessaire le congrès intégralement en distanciel. C’est ce que nous avons été contraints de faire, fin octobre, au moment où le deuxième confinement a été annoncé. Cette année, pour la première fois, notre congrès a donc été totalement dématérialisé », indique le Pr Thomas.

Une adhésion au format numérique

C’était une véritable aventure. De fait, la SFR a dû réorganiser l’ensemble du programme, développer la plateforme, créer un mode de fonctionnement adapté et transformer les ateliers et symposiums en outils numériques. Modifier un congrès présentiel ou hybride pour en faire un événement tout digital suscite de nombreuses interrogations. « Au départ, nous avions beaucoup d’inquiétudes. Nous ne savions pas si nos confrères allaient adhérer à des sessions en ligne. Le congrès national de la SFR est un rendez-vous annuel très attendu par la profession. Nous aurions été vraiment déçus si les rhumatologues avaient délaissé cet événement, en raison du format numérique », confie le Pr Thomas. En effet, le congrès de la SFR représente un moment privilégié de l’agenda des rhumatologues, un temps dédié à la formation continue. « Finalement, tout s’est vraiment bien déroulé. Nous avons pu proposer des sessions plénières, des symposiums, des ateliers et des formations, reprenant l’essentiel de ce que nous avions prévu. Les taux de connexion sur la plateforme ont été excellents, pour les sessions visionnées en direct comme pour celles vues en différé. Une forme d’interactivité a pu être maintenue. Les rhumatologues ayant assisté aux sessions pouvaient interagir avec les différents intervenants, en direct ou en différé (via le chat), et les réponses étaient apportées par les orateurs pendant la session, oralement ou par écrit », précise le Pr Thomas.

Un accès à l’intégralité des contenus

L’avantage indéniable des sessions enregistrées est qu’elles restent accessibles en différé, pendant un mois sur la plateforme de la SFR, consultables à tout moment par les participants. « D’une certaine manière, l’offre que nous avons apportée avec ce congrès digital était supérieure au présentiel car tous les participants pouvaient, s’ils le souhaitaient, assister à l’ensemble des présentations. Ce que ne permet pas le présentiel », assure le Pr Thomas. En revanche, la capacité d’écoute et de mémorisation peut être amoindrie par le format numérique. « On est peut-être plus attentif lorsque l’on participe à une session en présentiel que quand on la regarde chez soi, dans les transports en commun ou sur son smartphone », estime le Pr Thomas. Dans le cadre d’un congrès en présentiel, orateurs et participants sont pleinement disponibles pour se former, discuter, poser des questions. Ils consacrent également beaucoup de temps à discuter entre confrères en dehors des sessions. « Ces moments d’échanges conviviaux si importants sont malheureusement supprimés avec le distanciel. Nous espérons tous pouvoir retrouver à l’avenir nos congrès en présentiel. Mais nous maintiendrons sûrement, en parallèle, une version en ligne en différé. Car la possibilité de pouvoir visionner l’ensemble des formations, au moment où l’on veut, est une vraie richesse pour la formation », conclut le Pr Thomas.

Hélia Hakimi-Prévot

Source : lequotidiendumedecin.fr