L’ostéoporose en crise

Quelles solutions pour en sortir ?

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Publié le 06/09/2017
fracture par ostéoporose

fracture par ostéoporose
Crédit photo : MEHAU KULYK/SPL/PHANIE

Les fractures des sujets âgés sont souvent le signe annonciateur de handicap, de perte d’autonomie et de décès prématuré. Alors que cette notion est maintenant solidement établie, on se désole toujours de constater que l’évaluation et le traitement de la fragilité osseuse sont toujours insuffisants, que nombre de patients traités pour une fracture de hanche ou une autre fracture sévère restent très fréquemment sans traitement contre l’ostéoporose… Les auteurs soulignent les efforts faits par les sociétés savantes et par des groupes de pression à travers le monde, mais pour l’instant sans résultat probant.

Vers une approche globale

Alors, quoi faire ? Les auteurs proposent une approche globale impliquant la reconnaissance de toutes les fractures chez les personnes âgées comme justifiant une évaluation raisonnée. Ils soulignent aussi le fait que la perte osseuse ne résume pas la totalité du problème des fractures, mais représente une partie du syndrome conduisant à cet événement majeur. Les termes de fracture par fragilité, à faible énergie, non traumatique ou ostéoporotique peuvent être source de mauvaise interprétation de la défaillance osseuse et à l’origine d’une insuffisance de traitement. Pourquoi donc ne pas considérer toutes les fractures des sujets âgés comme traduisant cette défaillance et impliquant de se poser la question d’un traitement ?

Densitométrie : une corrélation imparfaite avec la défaillance osseuse

Il est maintenant bien établi que l’aspect quantitatif osseux, mesuré par la densitométrie, ne reflète qu’une partie de cette défaillance osseuse : plus du tiers des fractures des femmes ménopausées surviennent alors que le T-score est compris entre -1 et -2,5 et plus de 10 % ont une densité osseuse normale. D’autres facteurs sont impliqués dans la défaillance osseuse ; beaucoup sont maintenant connus à travers les travaux expérimentaux ou les recherches cliniques mais ne sont pas mesurables en pratique quotidienne.

Une prise de conscience nécessaire

À quel médecin viendrait l’idée de laisser un patient sans traitement après une attaque cardiaque ? Une fracture est une sorte d’attaque osseuse qui mérite aussi toute notre attention ! Les auteurs conceptualisent une analogie entre le syndrome métabolique conduisant à l’infarctus et un syndrome d’hypomobilité sous-tendant le risque de fracture. 

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La prise de conscience que les fractures sont un événement majeur pourrait aider à une meilleure implication des médecins et des patients eux-mêmes et à une intensification des efforts pour améliorer le statut osseux (médicaments de l’ostéoporose) mais aussi s’intéresser à tous les autres facteurs de risque, incluant la sarcopénie, le risque de chute… L’objectif serait de susciter une véritable alliance thérapeutique globale entre le médecin et son patient pour optimiser l’ensemble des paramètres du risque de fracture avec comme objectif une diminution du risque de dépendance et une amélioration de la qualité de vie. Ce nouveau paradigme thérapeutique gagnant-gagnant pourrait être une voie efficace pour sortir de la crise !

(1) Binkley N, Blank RD, Leslie WD, et al. Osteoporosis in Crisis: It’s Time to Focus on Fracture. J Bone Miner Res 2017;32(7):1391–4

Pr Philippe Orcel

Source : lequotidiendumedecin.fr