Besoins primaires ou plus évolués

À chaque type de récompense son cortex

Publié le 30/09/2010
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Crédit photo : CERMEP - Imagerie du vivant

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Crédit photo : Sescousse / Dreher

EN MENANT des recherches sur le cortex orbitofrontal, une équipe de chercheurs lyonnais du CNRS, Jean-Claude Dreher, Guillaume Sescousse et Jérôme Redouté, a déterminé que les circuits cérébraux de la récompense diffèrent selon l’objet convoité. Sous enregistrement par IRM fonctionnelle, ils ont étudié 18 volontaires masculins soumis à un jeu dont l’objet était soit des images érotiques, soit de l’argent.

Ces deux récompenses n’étaient choisies au hasard. L’équipe explique, en effet, qu’il existe deux catégories de récompenses. Celles dites « primaires » qui satisfont à des besoins innés, vitaux, comme la nourriture ou le sexe ; celles dites « secondaires », non indispensables à la survie, comme l’argent ou le pouvoir, et qui s’apprennent par association avec des récompenses primaires.

Les chercheurs ont formulé une hypothèse concernant le lien entre le cortex orbitofrontal et le type de récompense. Elle se fonde sur le développement de l’espèce humaine. Il est connu que la partie antérieure de ce cortex, particulièrement développée chez l’humain, est plus récente aux plans phylogénétique et ontogénétique. Plus anciens et plus archaïques sont les secteurs médian et postérieur. D’où l’objet de la recherche : existe-t-il une zone dédiée à chaque type de récompense, un secteur archaïque pour les gratifications primaires, un secteur plus récent pour les secondaires ? Mais existe-t-il aussi une structure de gestion commune, qui permet de les comparer sur une échelle de valeur unique ?

Grâce aux diverses zones cérébrales qui se sont « allumées » en imagerie fonctionnelle, une réponse affirmative a été faite à ces questions.

La valeur des récompenses est bien analysée dans des aires cérébrales communes : le striatum ventral, l’insula, le mésencéphale et le cortex singulaire antérieur. Effectivement, le cortex orbitofrontal archaïque (médian et postérieur) est stimulé par une récompense primaire (images à caractère sexuel), alors que le cortex antérieur (plus récent) l’est par une gratification secondaire (le gain d’argent).

Au-delà de la connaissance pure, ce travail pourra fournir des informations sur certains troubles de la motivation ou du comportement tels que le jeu pathologique ou l’hypersexualité.

J. Neurosci, 30 (39).

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8826