Chez les femmes victimes d’excision

La reconstruction du clitoris pour aider à se reconstruire

Publié le 08/03/2012
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C’EST À L’OCCASION de missions humanitaires en Afrique pour réparer des fistules vésico-vaginales que le Dr Pierre Foldès a été sollicité par des femmes excisées qui souffraient de douleurs au niveau des cicatrices. De là est née l’idée de ne pas seulement soulager les douleurs liées à la mutilation, mais de réaliser une reconstruction du clitoris. La technique chirurgicale est aujourd’hui bien codifiée et reproductible. Avec un recul d’une dizaine d’années et 3 700 interventions réalisées, elle a démontré son intérêt sur le plan esthétique et fonctionnel et les demandes de réparation sont de plus en plus nombreuses.

Le clitoris mesure une dizaine de centimètres et n’est amputé que de sa partie externe lors d’une excision, ce qui permet de le reconstituer complètement avec l’ensemble de ses nerfs et de ses vaisseaux. L’intervention dure de quarante-cinq minutes à une heure et nécessite une hospitalisation de vingt-quatre heures ; elle est remboursée par l’assurance-maladie.

La vie détruite.

Fréquemment, même chez les femmes qui n’ont pas été infibulées, l’excision s’accompagne d’une modification traumatique parfois très importante de la vulve avec toutes les conséquences, notamment obstétricales, que cela peut avoir. C’est donc souvent une restauration complète de la vulve qu’est amené à réaliser le chirurgien.

Dans tous les cas, la chirurgie est bien entendu insuffisante à elle seule pour effacer les conséquences de cette mutilation qui détruit véritablement la vie des femmes. La chirurgie s’assortit donc d’un accompagnement réalisé par un sexologue, une psychologue ou une sage-femme, pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, pour aider ces femmes à se réapproprier leur intégrité physique et à se reconstruire.

La chirurgie peut également être indiquée pour réparer les lésions du clitoris liées à d’autres causes : accidents de cheval, séquelles de chirurgie des petites lèvres, viols traumatiques, séquelles de traitement de maladie dermatologiques ou de cancers de la vulve. Cette chirurgie de reconstruction du clitoris reste marginale ; elle n’est pratiquée que dans quelques hôpitaux parisiens et de province.

Bien tôt une structure d’accueil.

Depuis quelques années, le Dr Foldès a entrepris d’élargir la prise en charge, au-delà des mutilations génitales, à l’ensemble des violences faites aux femmes. Il est ainsi à l’origine de la création d’une structure d’accueil pour les femmes victimes qui devrait voir prochainement le jour à Saint-Germain-en-Laye. Elle regroupera des professionnels des différentes disciplines concernées : psychiatres, psychologues, sages-femmes, assistantes sociales, juristes, associations d’aide aux victimes, afin d’apporter une réponse globale à la souffrance de ces femmes.

Dr HÉLÈNE COLLIGNON D’après un entretien avec le Dr Pierre Foldès (clinique Saint-Germain, Saint Germain en Laye).

Source : Le Quotidien du Médecin: 9095