La greffe rénale à partir d’un donneur vivant

En nette progression

Publié le 16/04/2015
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En 2004, 164 greffes rénales étaient réalisées avec un donneur vivant dans notre pays soit 7 % de l’activité totale de greffe. À cette époque, seuls les personnes ayant un lien biologique avec le receveur pouvaient lui donner un rein. Depuis, un certain nombre d’avancées ont permis le développement de cette activité : le 6 août 2004 la révision de la loi de bioéthique de 1994 permettait la greffe entre conjoints (toute personne vivant avec le receveur depuis plus de 2 ans). Le 7 juillet 2 011 une nouvelle révision ouvrait cette possibilité à toute personne ayant un lien affectif étroit, avéré depuis plus de 2 ans. La loi de 2 011 autorisait également le don croisé de rein. Cette solution peut désormais être envisagée lorsque le proche qui souhaite donner n’est pas compatible avec le patient. Parallèlement compte tenu des très bons résultats obtenus depuis plus de 10 ans au Japon et le lancement de programmes en Scandinavie, aux États-Unis, en Allemagne et en Corée, une nouvelle étape a été franchie en France en 2 011 avec la réalisation des premières greffes ABO incompatibles. Enfin, s’appuyant sur le plan greffe 2012-2016, en complément de la greffe à partir de donneur décédé, le développement de la greffe rénale à partir de donneur vivant, est devenu une priorité pour l’agence de la Biomédecine en terme de communication.

Toutes ces évolutions ont permis une augmentation régulière de l’activité depuis 2011 passant de 302 à 514 greffes en 2 014 soit 15,9 % des greffes réalisées. 36,6 % des donneurs étaient des conjoints ou des amis ayant des liens étroits et stables. Quarante-six greffes étaient ABO incompatibles et 4 ont pu être faites avec des dons croisés.

Nous devons nous réjouir de cette progression mais il s’agit d’une activité complexe et très chronophage donc fragile dans le contexte actuel. Son développement nécessite que les moyens humains affectés et en particulier le nombre de coordonnateurs (rices) de greffe évolue parallèlement à l’activité, ce qui est loin d’être le cas actuellement. Par ailleurs il persiste une grande disparité entre les 46 centres de greffe rénale français avec, en 2013, un nombre de greffes à partir de donneurs vivants allant de 0 à 51, ce qui plaide pour une homogénéisation des pratiques permettant d’offrir ce type de greffe à tous les patients en IRC avancée dont un proche se propose de leur donner un rein

L’un des intérêts de la greffe à partir d’un donneur vivant est de pouvoir être programmée au stade pré terminal de la maladie, évitant ainsi au receveur une période plus ou moins longue de dialyse avant la greffe. Pour cela il faut que les informations sur ces greffes soient données aux patients et à leurs proches, bien avant le stade terminal de la maladie, idéalement en même temps que les informations sur la dialyse.

CHU Nancy
Pr Michèle Kessler

Source : Bilan spécialiste