Premier cancer féminin en 2018 avec 59 000 cas par an dont plus de 12 000 décès (selon l’INCa), le cancer du sein fait l’objet d’un dépistage organisé depuis le début des années 2000.
La Haute Autorité de santé recommande en effet aux femmes âgées de 50 à 74 ans de passer une mammographie de contrôle tous les deux ans, mais de l’aveu même de certains gynécologues, dans la tranche d’âge inférieure (40-50 ans), c’est un peu le flou !
« Malgré ces recommandations on sait bien qu’il y a des trous dans la raquette », reconnaît le Dr Jean Thévenot, gynécologue obstétricien à la clinique Croix-du-Sud (groupe Ramsay Santé), près de Toulouse et président du Conseil régional de l’Ordre des médecins Occitanie.
En Haute-Garonne, par exemple, « le dépistage organisé ne touche que 40 % des femmes dans la tranche d’âge concernée », rapporte-t-il. Dans les faits, 80 % des cancers du sein surviennent après 50 ans, avec un pic d’apparition à 60 ans. Mais, dans 20 % des cas, il survient avant 50 ans. « Or, pour de nombreuses femmes entre 40 et 50 ans, le dépistage reste aléatoire, faute de recommandations claires et ce malgré le fait que beaucoup de médecins adhèrent à la mammographie de référence à partir de 40 ans », constate le gynécologue.
Autre constat fait par les spécialistes, malgré une mammographie de contrôle réalisée tous les deux ans, 17 % des femmes développent des « cancers d’intervalle ».
Prévoir le risque d’un cancer dans les cinq ans
Pour ces raisons, des gynécologues toulousains des cliniques Croix-du-Sud et Rive Gauche ont choisi de s’appuyer désormais sur le test prédictif Mammorisk proposé dans le cadre d’une consultation ouverte. « Ce processus nouveau répond au questionnement des patientes qui n’entrent pas dans le dépistage génétique, mais pour lesquelles nous avons parfois du mal à évaluer le niveau de risque », explique le Dr Jean-Dominique Bernard, chirurgien gynécologique.
Développé par la société Predilife, Mammorisk combine en effet plusieurs facteurs. Les données cliniques de la femme d’une part (son âge, ses antécédents familiaux…), la densité mammaire et une analyse génomique réalisée sous forme d’un prélèvement salivaire puis gérée par l’institut Curie.
« Nous proposons ce test aux femmes à partir de 40 ans, qui n’ont a priori pas d’antécédents familiaux. Il permet de classer les patientes en trois catégories de risque, faible, intermédiaire ou élevé, et donne un chiffre qui reflète donc un facteur de risque de développer un cancer du sein dans les cinq ans », détaille le Dr Bernard Cavalié, gynécologue obstétricien à la clinique Croix-du-Sud.
Au centre-ville de Toulouse, clinique Rive Gauche, le gynécologue Marc Perrineau est lui aussi convaincu par ce test « Nous proposerons Mammorisk dès le début 2021 car nous pensons qu’il va nous aider à dépister plus efficacement les patientes avant 50 ans, explique-t-il. Nous travaillons en ce moment pour le mettre en place dans le cadre d’une consultation dédiée qui sera ouverte au-delà de notre file active de patientes ».
Un bémol de taille subsiste cependant face à ce dispositif, qui inclut à ce jour 200 patientes dans toute la France, c’est son coût : 300 euros sans aucune prise en charge par la Sécurité sociale. À la clinique Croix-du-Sud, il a été proposé à une trentaine de patientes mais réalisé à peine cinq fois.