Il est une question que tout médecin redoute et déteste se voir poser par un proche. « Je ne suis pas inquiet mais tu en penses quoi ? », après la description de symptômes évocateurs d'une maladie grave. Ici c'est « un léger tremblement » que raconte Philippe à son ami toubib, le narrateur, double de fiction du Pr Gilles Pialoux. Après deux essais sur le sida et le covid, le chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Tenon, à Paris, signe là un premier roman sensible et vibrant, librement inspiré de l'histoire de son meilleur ami, atteint d'une SLA. « Ca pue » lui avait répondu, sans détour, le spécialiste vers qui le narrateur avait immédiatement adressé Philippe. Si on ressent en creux la colère devant les « mots froids » des confrères en consultation de neurologie ou quand les soins palliatifs traînent à se mettre en place, ce n'est pas le tragique sentiment d'impuissance de médecin-proche de malade que vise à raconter en premier le roman. C'est surtout d'un très bel hommage à un vieux copain, qui une fois qu'il a dit « je commence à comprendre qu'aucun docteur ne peut me guérir », décide de vivre avec « élégance et légèreté », et une très grande liberté aussi, ses quatre dernières années d'existence, redoutable « contrat statistique ».
Comme un léger tremblement, Gilles Pialoux, Editions Mialet-Barrault, 18 euros.