« 2 verres d'alcool par jour, et pas tous les jours » : les nouveaux repères pour éviter que la santé trinque

Par
Publié le 26/03/2019
Alcool

Alcool
Crédit photo : Comité interministériel santé

Concernant la consommation d'alcool, les messages  « un verre, ça va... deux verres, bonjour les dégâts ! » ou encore « pas plus de 2 verres par jour pour les femmes et 3 pour les hommes » sont désormais définitivement enterrés !

Aujourd'hui Santé publique France lance une campagne de communication médias inédite destinée au grand public qui donne les nouveaux repères de consommation résumés par ce message : « pour votre santé, l'alcool c'est maximum 2 verres par jour, et pas tous les jours ». Ce qui signifie aussi pas plus de 10 verres par semaine. Ce nouveau message destiné au grand public confirme ce que le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de février dernier soulignait : « les risques pour la santé d’une consommation d’alcool existent dès le premier verre quotidien ». 

1 Français sur 4 dépassent ces repères

Santé publique France lance ce nouveau message de prévention, en publiant dans le même temps un Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) qui fait, entre autres, un état des lieux sur les faibles consommations d'alcool, en tout cas sur ces nouveaux repères de consommation. 

Ainsi, d'après les données du Baromètre Santé 2017, 24 % des Français de 18-75 ans dépassent ces repères. Les hommes sont davantage concernés par ce dépassement (33,4 %) que les femmes (14,3 %). Par ailleurs, les modes de surconsommation diffèrent selon les âges. Une consommation régulière de plus de 5 jours par semaine, est plus courante chez les 65-75 ans que chez les 18-24 ans. En revanche, le taux de personnes ayant bu plus de 2 verres en une journée au cours des 7 derniers jours est le plus élevé chez les 18-24 ans (28 %), que chez les 45-54 ans (17,4 %) et les 65-75 ans (13,2 %). 

L'argument de l'effet protecteur ne tient pas !

« Les travaux les plus récents ont ouvert une nouvelle ère dans la compréhension et l'estimation de l'impact de l'alcool sur la santé humaine », écrit le Pr Mickaël Naassila, Président de la Société française d'alcoologie et directeur de l'Inserm UMR 1247, dans l'éditorial du dernier BEH. Alors que devient l'argument de l'effet protecteur d'une faible consommation d'alcool ? « Ce message ne tient pas quand on analyse les effets de l'alcool dans leur globalité. Des études épidémiologiques ne retrouvent pas vraiment de notion de seuil, ni de consommation sans risque. Par exemple, à partir de deux verres par jour, on constate une augmentation de la tension artérielle », précise Pr Mickaël Naassila, contacté par Le Généraliste.

Ces nouveaux repères « de maximum deux verres par jour, pas tous les jours, et maximum 10 verres par semaine » émanant de travaux de Santé publique France et de l'Institut national du cancer sont retrouvés ailleurs, en particulier « en Grande-Bretagne qui a retenu aussi 10 unités d'alcool par semaine. Une publication très récente du Lancet montre qu'une augmentation de la mortalité est établie à partir de 10 verres par semaine », détaille le Pr Naassila.

Un impact sanitaire et social considérable

Cette campagne de communication sur les nouveaux repères de consommation d'alcool est lancée le lendemain même de la réunion du Comité interministériel pour la santé. Ce dernier a fait  - entre autres - un état de lieux sur les différents engagements gouvernementaux (dépistage cancer du col utérin, service sanitaire, lutte contre le tabagisme...) qui s'inscrivent dans le Plan Priorité Prévention de mars 2018, ou qui viennent en complément. Ce Comité interministériel reconnaît que des efforts doivent être effectués concernant ces boissons : « la consommation d'alcool en France reste encore aujourd'hui à un niveau élevé (11,7 l par habitant de plus de 15 ans) et l'impact sanitaire et social de l'alcool est considérable ».

Dans la lutte contre la surconsommation d'alcool, le gouvernement n'a pas opté pour une augmentation des taxes liée aux produits, ni à la publicité, malgré les demandes appuyées de nombreux experts. On sait que le lobbying des alcooliers pèse énormément. « Ces lobbys brouillent les messages, en caricaturant par exemple les addictologues comme des méchants hygiénistes contre les bons épicuriens. Au final, le rapport de force est très inégal, mais charge à nous d'avoir un vrai lobbying de santé publique... même avec peu de moyens », conclut le Pr Mickaël Naassila.


Source : lequotidiendumedecin.fr