Anticor porte plainte contre des experts de la HAS pour « prise illégale d'intérêts »

Publié le 23/10/2018
anticholestérol

anticholestérol
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Anticor a porté plainte pour « prise illégale d'intérêts » contre des experts de la Haute autorité de santé (HAS) auteurs d'une recommandation sur le traitement du cholestérol.

Dans sa plainte déposée début octobre à Bobigny, l'association anticorruption vise six des neuf experts qui ont rédigé une recommandation de la HAS sur le traitement de patients atteints d'hypercholestérolémie publiée en 2017.

L'association, dont la plainte a été révélée par L'Express, reproche à ces experts d'entretenir des liens financiers avec des laboratoires qui commercialisent des médicaments contre le cholestérol.

Dans leur recommandation, ces experts ont préconisé des mesures qui auraient eu pour effet d'accroître sensiblement le nombre de patients chez qui ces traitements sont indiqués, selon Formindep, l'association dont le travail a servi à l'élaboration de la plainte d'Anticor.

Des liens d'intérêts non mentionnés, selon Formindep

Les experts mandatés par la HAS sont « chargés d'une mission de service public » et « n'ont pas le droit d'entretenir des partenariats avec des entreprises intéressées par le résultat de la recherche en question », a commenté à l'AFP Élise Van Beneden, secrétaire générale adjointe d’Anticor. 

Formindep a comparé les déclarations publiques d'intérêts des experts fournies à la HAS avec la base de données publique "Transparence santé" sur laquelle les entreprises doivent déclarer leurs liens financiers avec les acteurs de la santé.

« Nous nous sommes rendus compte que les auteurs avaient fait des déclarations d'intérêts fausses, ils ne mentionnaient aucun lien d'intérêts alors qu'ils en avaient de nombreux », affirme Jean-Sébastien Borde, vice-président de Formindep.

Dans sa plainte, Anticor vise notamment deux experts qui ont selon elle reçu plus de 20 000 euros de laboratoires pharmaceutiques avec lesquels ils avaient pourtant déclaré auprès de la HAS n'avoir aucun lien.

Pas de pouvoir d'investigation, se défend la HAS

Début juin, l'association avait fait part de ses travaux à la HAS et lui avait demandé « d'annuler cette recommandation » et de « signaler à la justice » les déclarations mensongères de ces experts, détaille M. Borde. 

Face au refus de la HAS, Formindep a saisi fin août le Conseil d’État.

Contactée par l'AFP, la HAS a fait savoir qu'elle « n'avait pas eu connaissance » de la plainte d'Anticor.

« La HAS ne peut pas garantir l’exhaustivité et la véracité de ce que déclarent les experts. Nous sommes une institution à caractère scientifique, nous n'avons pas de pouvoir d'investigation dans ce domaine », a-t-elle indiqué.

Avec AFP


Source : lequotidiendumedecin.fr