Un rapport sur « l’amélioration de l’information des usagers et des professionnels de santé sur le médicament » a été remis ce jour à Agnès Buzyn. Il est le fruit d’un travail d’une mission mise en place le 1er décembre 2017 à la suite de « l’affaire Levothyrox® » qui avait révélé de nombreux dysfonctionnements en termes de communication. Cette mission a été co-présidée par le Dr Gérald Kierzek, médecin hospitalier et chroniqueur radio) et Magali Léo (Association Renaloo).
Les auteurs du rapport indiquent que leur travail ne s’est pas arrêté à l'analyse des problèmes liés au changement de formulation du médicament de chez MSD. Ils ont pris en compte différentes crises impliquant des médicaments, comme la vaccination H1N1, Mediator®, Depakine® et le valproate…
Ce rapport comporte de très nombreuses propositions. Parmi les suggestions fortes : créer une plateforme « Médicament Info Service » pour centraliser l’information devant être mieux orientée vers les utilisateurs ; renforcer la « culture générale » du médicament vers le grand public par différentes initiatives, comme aborder ce sujet dans les programmes scolaires ; soutenir le journalisme scientifique, le rapport pointant du doigt une information simplifiée à l’excès ; utiliser le DMP comme support pour l'information générale sur ce thème, etc.
Concernant les médecins
Du côté des médecins, le rapport indique que les professionnels de santé auditionnés ont « déploré une formation insuffisante au médicament, en particulier en ce qui concerne les prescripteurs ». Renforcer la formation initiale et continue dans ce domaine paraît donc essentiel pour cette mission qui déplore un « respect insuffisant de l’obligation de formation triennale associé au développement professionnel continu (DPC) ». Elle fait d’ailleurs comme proposition forte de « rendre publique (sur l’annuaire Ameli par exemple) l’information selon laquelle le professionnel a rempli ses obligations en matière de formation. »
L'agence du médicament visée
Les rôles de l’Agence du médicament et des autres agences sanitaires ont été analysés par les auteurs de ce rapport soulignant « une incertitude sur l’autorité responsable de la communication au long cours sur le médicament en raison de la multitude d’acteurs intervenant dans le circuit réglementaire du médicament ». Ils ont en particulier noté dans l’affaire du Levothyrox®, que les différentes « autorités n’ont pas été en mesure de parler d’une seule voix et de faire entendre un message clair et coordonné ». Pour uniformiser les choses, la mission préconise que l’ANSM soit très clairement identifiée comme responsable de la communication sur le médicament. Ce qui n’est pas clairement établi comme tel aujourd’hui.
Le rapport estime aussi que l'analyse de signaux d'alerte liés à un problème avec un médicament doit être améliorée. Ces signaux ne doivent pas être étudiés sous le seul prisme scientifique, mais doivent tenir compte d'informations recueillies par les associations de patients, ou pouvant circuler sur les réseaux sociaux. La mission observe que « la communication autour des données issues du portail unique de signalement des événements indésirables n'a pas été optimale ».
Savoir anticiper
Il est aussi préconisé d’améliorer les notices pour le grand public pour les rendre plus pédagogiques ; de produire aussi une information tout au long de la vie d’un produit pharmaceutique ; d’anticiper en informant « le plus tôt possible des associations d’usagers et les sociétés savantes concernées par un médicament de toute décision ou projet de décision le concernant ». Les auteurs du rapport estiment que ce type d'initiative aurait désamorcé beaucoup des problèmes liés au changement de la formulation du Levothyrox®.
Le rapport invite également à plus de transparence. Ainsi, même si la loi le stipule, avoir accès au rapport d’évaluation des médicaments demeure difficile.
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