Cancer de la prostate : les anti-androgènes soupçonnés d’engendrer un surrisque de démences

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Publié le 15/10/2016

Les thérapies de privation androgénique dans le cadre de traitement contre les cancers de la prostate pourraient être associées avec un risque accru de développer des démences. C’est du moins ce que suggère une étude américaine publiée dans le JAMA Oncology le 13 octobre.

Ces thérapies sont couramment utilisées

Chaque année dans le monde, 1,1 million de nouveaux cas de cancer de la prostate sont diagnostiqués. Les thérapies de privation androgéniques demeurent la base des traitements. De nos jours, leur utilisation a beaucoup augmenté avec près de 500 000 hommes traités aux États-Unis et 50 % des hommes qui ont été diagnostiqués dans un pays industrialisé ont recours à ces thérapies. Or, si elles se sont montrées bénéfiques pour la survie de certains patients, elles ont également été soupçonnées d’avoir des effets néfastes sur la santé et notamment d’être liées à des dysfonctionnements neurocognitifs.

Des chercheurs de l’école de médecine Perelman à l'université de Pennsylvanie ont utilisé une méthode informatique pour analyser des données électroniques provenant de dossiers médicaux d’un centre médical universitaire datant de 1994 à 2013. Le groupe d’étude final incluait 9 272 hommes atteints du cancer de la prostate. Parmi ces malades, 1 862 (19,7 %) ont été soumis à des thérapies de privation androgénique. Les scientifiques ont ensuite examiné le lien possible entre ces traitements et le développement ultérieur de démence (sénile, vasculaire, fronto-temporale, Alzheimer). Ils ont comptabilisé 314 nouveaux cas de démences durant les 3,4 ans qu’a duré le suivi en moyenne. La durée moyenne avant la survenue de la maladie était de 4 ans.

Le risque augmente de 4,4% sur 5 ans

D’après les résultats, le risque absolu de développer une démence croissait de 4,4 % sur 5 ans pour les hommes sous thérapies. En effet, le risque se révélait de 7,9 % pour les hommes sous ce type de traitement par rapport à 3,5 % pour ceux qui ne l’étaient pas. Des analyses complémentaires ont également montré que les patients qui ont suivis ces traitements pendant au moins 12 mois présenteraient le risque de démence le plus important. L’équipe a aussi remarqué que les hommes de plus de 70 ans ont davantage de chance de développer une démence suite à ces traitements. 

Les androgènes auraient un rôle neuroprotecteur

Plusieurs mécanismes pourraient expliquer ce lien. En effet, il a été démontré que les androgènes jouent un rôle dans la santé et la croissance neuronale. La testostérone et ces analogues auraient des effets neuroprotecteurs à travers leurs interactions vers les récepteurs aux androgènes.  De même, il a été mis en évidence que de faibles taux de testostérone et l’usage de ces thérapies de privation androgénique augmenteraient les risques de maladies cardiométaboliques qui sont connues comme étant des facteurs de risques de démence.

Cette étude présente néanmoins des limites qui méritent d’être citées notamment le fait que les chercheurs ont utilisé de la documentation clinique et des factures pour déterminer si diagnostic de démence il y avait, a pu engendrer un biais. Enfin, les patients sont plus susceptibles d’avoir recours aux thérapies de privation androgéniques si ce sont de mauvais candidats pour une chirurgie à cause de comorbidités médicales comme les maladies cardiométaboliques. 


Source : lequotidiendumedecin.fr