L'utilisation des salles de consommation à moindre risque (SCMR) pour les usagers de drogues par injection, apporte « des effets positifs en termes de santé publique ». Telle est la conclusion d'un rapport que vient de publier l'Inserm à l'issue d'un travail commandé par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MIDELCA). Au total, 40 scientifiques ont travaillé sur l'évaluation multidisciplinaire de deux salles de consommation à moindre risque situées à Paris et Strasbourg. Ces lieux accueillent des personnes consommant de la drogue par voie injectable ou inhalée, avec du personnel qualifié permettant à ces usagers de consommer ces produits dans des conditions plus sûres.
Ces SCMR ont été ouvertes dans ces deux villes en 2016 à titre expérimental, une évaluation scientifique pluridisciplinaire étant prévue. Trois thèmes ont été explorés : épidémiologique avec différents indicateurs de santé (infectieux, visites aux Urgences, etc.) ; médico-économique avec notamment un rapport coût/efficacité sur le long terme ; et sociologique portant sur l'acceptabilité sociale de ce genre de structure et son impact sur la tranquillité publique.
Baisse des infections à VIH, des hépatites C
Sur le plan sanitaire, l’accès à ces SCMR permet d’améliorer la santé des personnes consommatrices de drogues « avec une baisse des infections au VIH et au virus de l’hépatite C, des complications cutanées dues aux injections et des overdoses, et de diminuer les passages aux urgences », indiquent les auteurs de ce travail.
D'un point de vue socio-économique, en extrapolant la présence de ces structures sur une période de 10 ans, on estime à « 11 millions d’euros les coûts médicaux évités chez les usagers de drogues fréquentant les SCMR », souligne le rapport, qui ajoute : cette somme « ne contrebalance pas les coûts d’implémentation et de fonctionnement de ces structures sur 10 ans mais le rapport coût-efficacité est acceptable au regard des standards de la littérature internationale et du rapport coût-efficacité d’autres interventions de santé publique déjà mises en place en France ».
Quant à l'acceptabilité sociale de la SCMR parisienne, les perceptions ont été contrastées dans le quartier, même s'il n'a pas été mis en évidence de détérioration de la tranquillité publique liée à l’implantation de ces salles à Paris et à Strasbourg. De façon plus générale, d'après une enquête datant de 2018, parmi les Français, plus de 80 % se déclarent favorables à l'existence de telles structures, plus de 75 % se disent favorables à l'ouverture de nouvelles SCMR, et plus de la moitié accepteraient l'ouverture d'une SCMR dans leur propre quartier.
Ce rapport de l'Inserm précise qu'au total 80 centres d'accueil identiques sont installés dans neuf autres pays d'Europe, certains ayant été créés il y a plus de 30 ans.
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