Faut-il rembourser ou non l'homéopathie ? Vif débat en Europe

Publié le 31/03/2018
Homéopathie

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Crédit photo : GARO/PHANIE

L'argent public des systèmes de santé doit-il servir à rembourser l'homéopathie ? La question ne se pose pas qu'en France, où le débat est récemment réapparu avec la publication d'une tribune mettant en cause les « Fake Médecines », dont l'homéopathie est la représentante la plus célèbre.

Les signataires dénoncent des « pratiques ni scientifiques ni éthiques, mais bien irrationnelles et dangereuses », et réclament l'arrêt du remboursement de l'homéopathie et demandent que les diplômes d’homéopathie ne soient plus reconnus comme des qualifications médicales.

Depuis la tribune, les défenseurs et détracteurs de l'homéopathie se font la guerre sur les réseaux sociaux. Qu'en est-il chez nos voisins ?

Appréciée et remboursée en Allemagne, délaissée au Royaume-Uni

En Allemagne, on l'apprécie beaucoup. Les différentes caisses publiques d'assurance maladie du pays la remboursent, parfois à 100 %. Elles semblent le justifier par l'attachement des patients à cette pratique. « Bien que l'homéopathie ne soit pas une méthode de traitement médical reconnue par les scientifiques, elle reste appréciée et très utilisée », explique ainsi l'une de ces caisses, la Barmer. Le marché allemand pesait quelque 600 millions d'euros en 2016 selon l'industrie pharmaceutique.

Malgré une controverse en mai 2017 consécutive à la mort d'un enfant de sept ans des suites d'une otite traitée uniquement à l'homéopathie, l'Italie ne ferme pas la porte. L'agence du médicament transalpine doit agréer quelque 3 000 traitements homéopathiques. En revanche, ceux qui ne l'auront pas obtenue seront bannis. Non remboursée dans ce pays, elle peut faire l'objet d'une déduction fiscale.

En l'absence de preuve de son efficacité, le service de santé britannique, le NHS, a « recommandé » aux médecins et aux hôpitaux d'arrêter de prescrire de l'homéopathie l'an dernier. Elle ne lui coûtait pourtant qu'une somme modique, 92 412 livres (106 000 euros) en 2016.

En Espagne, plusieurs universités qui dispensaient des formations d'homéopathie les ont supprimées ces dernières années, arguant du « manque de fondement scientifique ».

Le Conseil scientifique des académies des sciences européennes opposé

En septembre, le Conseil scientifique des académies des sciences européennes (Easac) a émis un avis très sévère sur l'homéopathie.

« Il n'y a aucune preuve solide de l'efficacité des produits homéopathiques pour quelque maladie que ce soit, même s'il y a parfois un effet placebo », estimait cette institution. Pire, « l'homéopathie peut être nocive, en dissuadant le patient de solliciter un traitement médical approprié ».

L'Easac juge donc que « l'homéopathie ne devrait pas être remboursée à moins de faire la preuve scientifique de son efficacité ».

Avec AFP


Source : lequotidiendumedecin.fr