IPP, trop de prescriptions injustifiées selon l’ANSM

Par
Publié le 21/12/2018
.

.
Crédit photo : SPL/PHANIE

En France les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) font l’objet « d’une utilisation très importante qui ne semble pas toujours en adéquation avec les recommandations ». Telle est la conclusion d’une étude publiée mercredi par l’ANSM. Ce travail visait à quantifier et décrire l’utilisation des IPP à partir des données du Système national des données de santé (SNDS). Résultats : près de 16 millions de patients se sont vu prescrire au moins une fois des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) en 2015, « soit environ un quart de la population française », souligne cette étude. « Cette utilisation massive est problématique en raison des risques potentiels d'effets indésirables associés, en particulier chez la personne âgée et dans le cas de traitements au long cours », estiment les auteurs.

Pas d’indication de gastroprotection systématique avec les AINS

Selon la Haute autorité de Santé, les IPP sont indiqués principalement dans le traitement du reflux gastro-œsophagien (RGO) et de l’œsophagite par RGO, dans l’éradication d’Helicobacter pylori et dans le traitement des ulcères gastroduodénaux. Ils sont aussi préconisés dans le traitement des lésions gastroduodénales dues aux AINS ainsi que dans leur prévention, mais uniquement chez les patients à risque.

Or, « parmi les adultes initiant un traitement, les IPP étaient associés à un AINS dans plus de la moitié des cas. Les initiations de traitements étaient presque toujours concomitantes, suggérant une prescription à visée préventive. Cependant, dans 80 % des cas, aucun facteur de risque justifiant l'utilisation systématique d'un IPP en association avec un AINS n'était identifié », analyse l'ANSM.

Les IPP semblent donc fréquemment prescrits en prévention des lésions gastroduodénales dues aux AINS chez des patients ne relevant pas d’une protection gastrique.

Face à ce constat, l'agence du médicament rappelle qu’à ce jour, l’intérêt de cette gastro-protection « n’est établi qu’en présence des facteurs de risque suivants : sujet de plus de 65 ans, antécédent d’ulcère gastrique ou duodénal et traitement par antiagrégant plaquettaire, anticoagulant ou corticoïde ».

L’ANSM appelle par ailleurs à « ne pas banaliser l'utilisation » de cette classe de médicaments, « généralement bien tolérés à court terme », mais dont l'« utilisation au long cours n'est pas sans risque ».


Source : lequotidiendumedecin.fr