Une étude rétrospective italienne publiée dans l’International Journal of Gynecology and Obstetrics s’est penchée sur les dossiers des patientes ayant subi une hystérectomie pour hémorragie incontrôlable du post-partum (HPP) entre 2010 et 2013. L’objectif était d’évaluer la prévalence de l’adénomyose (critère primaire) et son association avec des complications obstétricales et périnatales (critères secondaires). Les auteurs ont ainsi retrouvé à l’analyse histologique chez les 66 patientes incluses, 39,4 % d’adénomyose non repérée à l’époque, et un risque plus élevé de complications périnatales pour la femme et l’enfant.
En France, selon Santé publique France, l’adénomyose représente 59 % des endométrioses, dont la prévalence est estimée à 9,85/10 000 personnes-années entre 2011 et 2017 chez les femmes de plus de 10 ans. La moyenne d’âge des femmes atteintes d’adénomyose est de 49 ans, avec un pic entre 45 et 50 ans. Quant à l’HPP, « elle est la complication maternelle la plus fréquente de l’accouchement (5 à 10 % des accouchements en France). L’HPP grave survient dans environ 1 % des accouchements et représente la première cause de mortalité et de morbidité maternelle sévère. Si la cause la plus fréquente de l'HPP est l’atonie utérine, cette publication montre le poids de l’adénomyose », explique, pour le Quotidien, la Dr Catherine Azoulay, gynécologue endocrinologue.
Plus de troubles hypertensifs et de césariennes
L’étude de cohorte, multicentrique et observationnelle, a inclus des femmes ayant subi une hystérectomie dans les 48 heures après une HPP, à 24 semaines d’aménorrhée ou plus entre janvier 2010 et mai 2023. Le diagnostic d’HPP a été établi pour une perte de sang de plus de 500 ml pour un accouchement par voie vaginale, et plus d’un litre pour une césarienne.
Les cas d’adénomyose étaient associés à un temps d’hospitalisation plus long (+ 4,43 jours en moyenne), un risque plus élevé de troubles hypertensifs (OR = 5,82), d’accouchements prématurés (OR = 3,34), de césarienne en urgence (OR = 24,15), une admission maternelle en soins intensifs (OR = 3,56) et un faible poids à la naissance (OR = 3,8).
Ainsi, l’équipe conclut à « une forte prévalence de l’adénomyose parmi les patientes subissant une hystérectomie pour HPP, et une association avec des événements obstétricaux, maternels et néonataux ». En revanche, ils retrouvent une prévalence plus importante de pathologies placentaires, critère secondaire de leur étude, dans le groupe sans adénomyose, entrant en contradiction avec les données récentes de littérature.
Suivi des femmes atteintes d’adénomyose
Précédemment, plusieurs revues de la littérature, l’une en 2022, l’autre en 2023, avaient aussi conclu à un risque accru de complications obstétricales chez les femmes atteintes d’adénomyose et leurs nouveau-nés (respectivement fausses couches, prématurité, rupture prématurée des membranes, prééclampsie, petite taille pour l'âge gestationnel et petit poids à la naissance ; prééclampsie, mauvaise présentation fœtale, HPP, petit poids à la naissance). Les auteurs préconisaient ainsi l’orientation des patientes dans des centres spécialisés pour le suivi de la grossesse et l’accouchement. L’équipe italienne s’accorde sur cette proposition, expliquant que « l’adénomyose pourrait être un facteur de risque indépendant de complications », et encouragent à « la diagnostiquer précocement pour réduire les risques périnataux grâce à une prise en charge spécifique ».
La Dr Azoulay précise ainsi que « l’embolisation bilatérale sélective des artères utérines est le traitement de choix de l’HPP, le matériau résorbable utilisé va procurer une occlusion artérielle brève qui peut permettre d'éviter l’hystérectomie. En cas d’HPP inattendue, la patiente doit être transférée suffisamment tôt dans un centre de référence pour augmenter les chances de réussite de l’embolisation ». Cette intervention mini-invasive est aussi utilisée pour le traitement de l'adénomyose en dehors de la grossesse ou des fibromes utérins. Cependant, « cette technique reste sous-utilisée de nos jours et pas assez diffusée. Dans l'étude, les cas analysés datent pour certains de 2010, mais aujourd'hui l'hystérectomie est encore trop souvent proposée. Les patientes à risque d’HPP ou porteuse d'une adénomyose connue doivent donc accoucher de préférence dans un centre de référence, où, en cas de nécessité, une embolisation peut être proposée », encourage la spécialiste.
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