Trois mois après avoir été mis en examen et interdit d'exercer pour avoir involontairement causé la mort de cinq personnes âgées en leur prescrivant du midazolam, le Dr Jean Méheut-Ferron, médecin généraliste à Angerville La Martel (Seine Maritime), a été entendu ce lundi pendant une dizaine d'heures par le juge d'instruction du tribunal du Havre.
« Il était en pleine forme, très combatif », commente le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, qui a échangé dès lundi soir avec son confrère. Le généraliste de Clamart fait partie des soutiens du Dr Méheut-Ferron et est à l'initiative d'une pétition ayant recueilli pas moins d'un millier de signatures.
Toujours interdit d'exercer, le Dr Méheut-Ferron, joint par Le Généraliste, a indiqué que ses avocats s'apprêtaient à « demander une modification de [son] contrôle judiciaire » et donc la fin de son interdiction d'exercer. Le praticien, qui affirme n'avoir aucune « entrée d’argent » depuis près de trois mois et se retrouve en difficulté pour assumer les charges de son cabinet et payer son personnel, devrait savoir s'il peut exercer à nouveau d'ici dix à quinze jours.
Pour le reste, « l'enquête est toujours en cours », précise le généraliste d'Angerville La Martel.
Le problème de la « circulation en ville »
Hasard du calendrier, la Haute autorité de santé (HAS) publiait lundi de nouvelles recommandations sur les pratiques sédatives en situation palliative jusqu’en fin de vie et demandait « aux pouvoirs publics de permettre la dispensation en ville des médicaments recommandés » pour la sédation proportionnée ou profonde et continue. Dans la foulée, Agnès Buzyn annonçait qu’elle « [permettrait] d’ici quatre mois la dispensation en ville du midazolam injectable aux médecins qui prennent en charge des patients en fin de vie à leur domicile ».
Pour le Dr Méheut-Ferron, qui n'avait pas encore consulté ces recommandations mardi matin, les médecins ne doivent pas « avoir peur » du midazolam et l'encadrement de son usage pourrait donc encourager davantage de praticiens à y recourir. En revanche, le problème de « sa circulation en ville » risque de se poser, selon le généraliste.
Selon lui, le coup de projecteur mis sur cette molécule pourrait désormais favoriser les mésusages. « Si j'ai pu m'en servir, c'est car ce produit passait "sous les radars" », confie le Dr Méheut-Ferron.
« Le soin palliatif est une terre de mission pour la médecine générale »
En outre, le praticien d'Angerville La Martel souligne que « le premier commandement du soin palliatif est la présence du médecin à domicile ». « Le soin palliatif est une terre de mission pour la médecine générale », explique-t-il.
Le praticien estime que le recours au midazolam, « benzo la moins nuisible et qui préserve le mieux l’autonomie du patient » selon lui, ne peut se faire que de manière proportionnée. « La sédation profonde et continue est un dévoiement de l’usage du midazolam », se défend-il.
En attendant la fin de l'enquête, le Dr Méheut-Ferron n'aspire plus qu'à « revenir au travail ».
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