Le passage compliqué à l'insulinothérapie

Publié le 24/01/2020
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Le passage à l’insuline d’un diabétique de type 2 constitue, pour le patient comme pour le médecin, un cap difficile à franchir. Il fait pourtant souvent partie de l’évolution de la maladie, « avec le temps, le pancréas sécrétant moins d’insuline. Cela est d’autant plus nécessaire qu’aujourd’hui, 43 % des diabétiques de type 2 ne sont pas équilibrés », souligne le Dr Bernadette Dijoux, endocrinologue diabétologue (Institut de diabétologie et de nutrition, Mainvilliers).

Si ce traitement peut faire peur aux patients, il existe aussi une « insulinorésistance » de la part des médecins, qui trop souvent tardent à l’initier. Généralement, il doit se faire quand, malgré la prise des anti-diabétiques oraux à dosage maximal (2 à 3 types de molécules associés), l’objectif fixé de l’hémoglobine glyquée n’est pas atteint. Dans ce cas, deux stratégies peuvent être envisagées : prescrire une insulinothérapie ou un analogue du GLP1. Cela nécessite bien sûr d’accompagner (éducation thérapeutique) davantage le patient, qui doit conduire une autosurveillance glycémique.

On commence le plus souvent par une insulinothérapie basale injectée plutôt le soir pour améliorer la glycémie à jeun. Ce passage à l’insulinothérapie peut se faire en ambulatoire (surtout s’il s’agit d’une insuline lente seule) alors que dans le passé, une hospitalisation était courante.

Les risques d’hypoglycémie

Ce que redoutent patient et médecin sont les effets indésirables liés aux insulines, surtout les épisodes d’hypoglycémie. Ils sont moins fréquents chez les patients sous insuline basale seule que sous insuline basale + bolus, ou insulines mixtes. Et les nouvelles insulines lentes : la glargine U300 et la dégludec offrent sur ce point plus de sécurité. Mais cette crainte des hypoglycémies reste récurrente, constate le Dr Bernadette Dijoux : « quand l’objectif thérapeutique n’est pas atteint, on peut hésiter à augmenter les doses d’insuline, tant on redoute la survenue d’hypo ». Le Pr Eric Renard, diabétologue au CHU de Montpellier, détaille : « En cas d’hémoglobine glyquée élevée, il faut d’abord s’attacher à normaliser la glycémie à jeun, et quand on s’approche de la cible d’HbA1, on se focalise davantage sur la glycémie post-prandiale, avec alors le risque d’avoir plus d’hypoglycémies ».

D’après le focus diabétologie du 1er octobre 2019, colloque organisé par le Groupe Profession Santé avec le soutien institutionnel des laboratoires Abbott, Pfizer et Sanofi.

Dr Nicolas Evrard

Source : Le Généraliste: 2896