À l’Assemblée nationale, le débat sur la fin de vie ne durera que quelques heures, pendant la journée du 8 avril. Puis la proposition de loi « donnant et garantissant le droit à une fin de vie libre et choisie » sera remise au placard suite à une bataille d’obstruction que quelques députés LR ont engagée avec plus de 2 000 amendements initiés. Déposé par le député radical de gauche Olivier Falorni (groupe Libertés et Territoires), le texte propose des avancées en autorisant sous condition une aide active à mourir. Il a même reçu en commission fin mars un large soutien par deux tiers des parlementaires dont des membres importants de la majorité. Régulièrement, le débat rebondit. Début mars, l'ex-secrétaire d'État aux personnes âgées Paulette Guinchard disparaissait en ayant recours au suicide assisté en Suisse. Auparavant, et pendant dix ans, l'affaire Vincent Lambert a fait à plusieurs reprises la une des journaux.
« Interruption volontaire de vie »
Noëlle Chatelet qui a publié en 2004 un livre (La Dernière Leçon) sur le suicide de sa mère à l'âge de 92 ans, appelle dans le journal Libération à « une mort plus respectueuse de la vie ». Selon elle, la majorité des Français veulent choisir leur mort. Ils y sont prêts. Et d'enfoncer le clou : « Les Français n'ont pas peur de mourir, ils ont peur de mal mourir. Et on meurt mal en France ! Les opposants agitent l'épouvantail de l'assassinat. » Le laisser mourir que la loi (Clayes-Leonetti) propose n'est pas suffisant. Les Français veulent plus et mieux que « cette petite lâcheté médicale ». « À quand l'IVV (interruption volontaire de vie ou de vieillesse) ? », interpelle-t-elle.
Le droit à mourir dans la dignité : un lobby
À l’opposé, Didier Sicard, ancien président du CCNE, est très critique sur la proposition de loi sur l'euthanasie. Selon lui, « ce texte est trop léger et mélange tout, suicide, euthanasie, droit des citoyens… » Pis, la dignité du corps qui souffre par exemple d'Alzheimer est montrée du doigt… Le droit à mourir dans la dignité est un lobby extrêmement fort. Le suicide assisté pratiqué en Belgique représente une grande violence sociale pour les familles et un modèle lucratif qui use du marketing en Suisse. Sans s'appesantir sur la nouvelle loi sur l'euthanasie en Espagne, Didier Sicard loue la loi Leonetti qui permet d'accéder à la sédation profonde et continue jusqu'à la mort. Toutefois, il regrette que celle-ci ne puisse être pratiquée à domicile. Et déplore que la formation des soignants sur la fin de vie soit déficitaire. « Il y a une frilosité des médecins dans leur rapport à la mort. Ils la vivent comme un échec. »
Taux de suicide élevé des personnes âgées.
Enfin, le Pr Régis Aubry, président de l'Observatoire national de fin de vie, regrette que le texte ne distingue pas le suicide assisté de l'euthanasie. Et n'est pas favorable à légiférer sur ce sujet dans l'urgence. Il rappelle que le taux de suicide des personnes âgées en France est l'un des plus élevés d'Europe. Il faudra de toute façon adapter le droit à un moment donné, par exemple pour mieux prendre en compte les maladies neurovégétatives. L'illustration en a été faite avec l'affaire Paulette Guinchard, qui a refusé de vivre sans autonomie et sans indépendance fonctionnelle, plaide-t-il.
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