Formes sévères de Covid-19 : une étude clinique montre l’efficacité du Ruvembri développé par une biotech française

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Publié le 18/01/2024
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Patient sous assistance respiratoire dans un coma artificiel, dans une unité Covid-19, durant la pandémie.

Patient sous assistance respiratoire dans un coma artificiel, dans une unité Covid-19, durant la pandémie.
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Le Sarconeos (BIO101) est devenu Ruvembri. Ce nouveau nom de marque prépare la mise en vente de ce médicament candidat, développé par la biotech française Biophytis. Dans l’étude clinique nommée Cova, il a notamment montré son efficacité dans le traitement des formes sévères de Covid-19. Les résultats ont été publiés le 2 janvier 2024 dans la revue eClinicalMedicine, éditée par The Lancet.

Cette étude internationale de phase 3, contrôlée en double aveugle contre placebo et impliquant 37 centres aux États-Unis, au Brésil, en France et en Belgique, s’est déroulée entre 2020 et 2022. Son objectif était d’évaluer l’efficacité de la 20-hydroxyecdysone, molécule présente dans le Ruvembri.

Chez des patients souffrant d’insuffisance respiratoire, hospitalisés pour des symptômes respiratoires sévères liés au Covid-19, Ruvembri a permis une réduction statistiquement significative de 44 % d’événements négatifs (décès précoces et apparitions d’insuffisance respiratoire aiguë sévère) dans les 28 jours suivant la prise du traitement. Aucun effet indésirable n’a été observé par rapport au groupe placebo. Néanmoins, une augmentation des gamma GT a été mesurée et doit être surveillée, même si le lien avec le traitement n’a pas été clairement démontré.

Une réduction de la mortalité de 43 % a également été observée à 90 jours mais ce résultat n’était pas statistiquement significatif, « du fait probablement du manque de puissance de l’étude », précise la Pr Capucine Morélot, cheffe du service pneumologie de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP - Sorbonne Université.

Avant une possible mise sur le marché européen, une étude pivot

Même si le Covid-19 n'est plus une urgence de portée mondiale, le virus « circule et tue toujours », a rappelé cette semaine lors d'une conférence de presse Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS. Sur le seul mois de décembre dernier, près de 10 000 décès dus au Covid-19 ont été signalés dans le monde. Un nombre qui « n’est pas acceptable », a-t-il déclaré.

Le Dr Yann Meunier, professeur et directeur de l'Institut international de médecine et des sciences en Californie (IIMS) et membre du conseil scientifique de Biophytis, rappelle que, dans le monde, 7 millions de personnes sont mortes de Covid-19 et en France près de 168 000. « La grippe saisonnière tue quant à elle entre 290 000 à 650 000 personnes chaque année, ajoute-t-il. Or, parmi tous ces décès, un certain nombre serait évitable. » Face à ces chiffres « toujours aussi impressionnants », à l’absence de médicaments préventifs et d’un vaccin universel, efficace lors de l’émergence de variants et sous-variants, il est nécessaire selon lui de trouver de nouveaux traitements efficaces pour ces deux pathologies. « Le premier objectif est de diminuer le nombre de décès chez les patients hospitalisés et surtout ceux qui meurent d’insuffisance respiratoire », développe-t-il. Or, il semblerait, selon les résultats de l’étude Cova, que le Ruvembri puisse y contribuer.

En 2024, « un premier patient pourrait être traité au Brésil, se réjouit le Dr Stanislas Veillet, président fondateur de Biophytis. Depuis 15 ans que nous développons ce produit, il va enfin permettre de sauver des vies, en situation réelle, dans un pays qui a souffert très fortement pendant la pandémie de Covid-19. » En Europe, une autorisation de mise sur le marché conditionnelle est attendue pour l’année prochaine. « La condition étant la réalisation d’une seconde étude pivot, afin d’obtenir des données de sécurité sur 700 patients souffrant d’atteintes respiratoires liées au Covid-19 ou à l’influenza », précise le Dr Stanislas Veillet. Le Ruvembri agit sur la fonction cardiorespiratoire dans différentes situations pathologiques, « il est donc probable que nous obtenions un niveau d’efficacité sur la grippe similaire à celui observé avec la Covid ».

La 20-hydroxyecdysone restaure l’équilibre du système rénine-angiotensine

Le système rénine-angiotensine est à l’équilibre grâce à deux bras, l’un délétère, favorisant l’hypertension artérielle, l’inflammation et la fibrose respiratoire et l’un protecteur, activé via le récepteur Mas. Or, le Sars-CoV-2 se lie à l’ACE2, l’enzyme de conversion de l'angiotensine 2, pour infecter les cellules épithéliales et endothéliales du poumon et empêche de ce fait l’activation du bras protecteur. La 20-hydroxyecdysone active le récepteur Mas, ce qui restaure l’équilibre du système rénine-angiotensine.


Source : lequotidiendumedecin.fr