Disposera-t-on bientôt de traitements non hormonaux pour lutter contre les troubles vasomoteurs liés à la ménopause ? C’est ce que laisse espérer un article publié récemment dans le Jama et l’autorisation accordée fin mai aux États-Unis au premier représentant d’une nouvelle classe thérapeutique : le fezolinetant (Veozah, laboratoire Astellas).
Comme le souligne le Collège national des gynécologues obstétriciens français (CNGOF), alors que « les bouffées vasomotrices (affectent) environ 80 % des femmes occidentales ménopausées, dont 25 % de façon très invalidante », le traitement hormonal de la ménopause (THM), qui constitue la principale option thérapeutique, suscite des polémiques, « en lien avec un surrisque vasculaire et de cancer du sein », rappelle le Pr Nathalie Chabbert-Buffet, spécialiste de l’endocrinologie (AP-HP) et membre du CNGOF.
D’où un besoin d’alternatives, resté longtemps lettre morte, du fait notamment de difficultés méthodologiques. « Dans toutes les études conduites sur les bouffées de chaleur, le placebo est associé à une efficacité inhabituellement élevée, de plus 30 % », observe le Pr Chabbert-Buffet. De plus, le mécanisme des bouffées de chaleur n’a été élucidé que relativement récemment, « il y a à peine une quinzaine d’années », souligne l’endocrinologue. Finalement, ont pu être mis en évidence une dysrégulation de la pulsatilité de la sécrétion de la GnRH (et in fine de la LH) et un réseau de neurones et de neuromédiateurs impliqués, dont les neurokinines. Aussi, a émergé l’idée de cibler cette famille de neuropeptides en thérapeutique.
Pas de surrisque de cancer
Cette stratégie a abouti au développement et à l’autorisation, outre-Atlantique, d’un premier candidat médicament, antagoniste du récepteur de la neurokinine 3, le fezolinetant. Lors d’essais de phases 2 et 3, « les volontaires ayant reçu 45 mg du médicament ont manifesté une réduction de 51 à 55 % de leurs bouffées de chaleur après quatre semaines de traitement », vs 30 % avec le placebo, résume un article du Jama. À noter toutefois que la non-infériorité du médicament par rapport au THM reste à vérifier, ce qui pourrait s’avérer difficile. « Il faudrait tester (cette molécule) vs traitement hormonal, mais les candidates au traitement recrutées pour les études sont souvent des femmes qui refusent le THM ou présentent des contre-indications », explique le Pr Chabbert-Buffet.
D’autres molécules anti-neurokinines sont dans les pipelines. Ainsi, le Pr Chabbert-Buffet participe à l’évaluation d’un candidat de Bayer ciblant deux récepteurs des neurokinines (dont, là encore, le récepteur de la neurokinine 3) chez des femmes atteintes de cancer du sein traitées par anti-œstrogènes – chez qui le THM est contre-indiqué.
Fait encourageant : pour le moment, aucun surrisque de cancer ne se dégage avec ces nouvelles molécules. Et, pour le fezolinetant, les effets secondaires apparaissent surtout à type d’insomnies, de lombalgies et de troubles digestifs et hépatiques. De quoi laisser espérer des autorisations européennes dans les années à venir, s’enthousiasme la spécialiste.
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce