Industrie pharmaceutique

Trente médicaments contre le cancer validés aux Etats-Unis, 10 en Europe

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Publié le 09/06/2022

Si la pandémie a affecté la prise en charge des malades du cancer, le progrès thérapeutique a continué sur sa lancée. En témoigne le bilan annuel dressé par l’Institut Iqvia. En 2021, 30 nouvelles substances actives ont été mises sur le marché américain, soit une réelle accélération qui s’inscrit dans une tendance lourde. Si l’on place le curseur en 2016, ce n’est pas moins de 104 nouveaux traitements qui ont renforcé l’arsenal thérapeutique, à comparer avec les 184 nouvelles molécules recensées en vingt ans.

Réduction des délais à 8,5 ans

Bref, les protocoles ont été modifiés en profondeur. Ce résultat s’explique certes par des avancées scientifiques majeures. Mais il procède aussi de la rétraction des délais observés entre le lancement d’une phase I et la mise sur le marché. De 15 ans il a chuté à 8,5 ans du moins aux États-Unis. Désormais, un médicament peut être prescrit sans avoir suivi le schéma classique de la phase I à la phase III. Le même constat ne saurait être établi pour l’Hexagone. La Commission de la transparence est dans ce domaine beaucoup plus conservatrice dans ses évaluations. Cette profusion de nouveaux traitements marque bien une nouvelle ère. Il ne s’agit pas médicaments me-too comme à l’époque des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix des blockbusters mais bien de produits reposant sur de nouveaux concepts.

16 médicaments orphelins

Les experts d’Iqvia ont ainsi recensé 16 nouveaux médicaments qui ont reçu l’appellation de médicaments orphelins. 13 d’entre eux étaient les premiers représentants de nouvelles classes thérapeutiques. Ce qui explique que 64 % des nouveaux produits ont bénéficié d’une approbation accélérée. Pour autant ces avancées ne se traduisent pas comme il y a quelques années par des modes d’administrations simplifiées, de type voie orale. En 2021, 41 % de nouvelles substances étaient prescrites par voie orale versus 55 % il y a 5 ans.

Retard de l'Europe vs États-Unis

L’Europe apparaît en retrait, comparée aux États-Unis. L’EMA a ainsi approuvé six petites molécules et quatre traitements biologiques, soit moins que les 14 médicaments autorisés en 2020. Différence majeure entre le vieux continent et l’Amérique, seulement trois médicaments ont été approuvés dans des cancers rares.

Progression des biotechs

Cette avance américaine est-elle le fruit du riche réseau de biotechs apparues au cours des dernières années ? En tout cas, elles sont à l’origine de 68 % du pipeline en oncologie, en progression par rapport au chiffre de 45 % observé il y a dix ans. Dans le même temps, la part des big pharma diminue logiquement. Elle a chuté à 23 % des produits en développement, loin des 39 % observé en 2016. Mais la concurrence ne procède pas seulement des start-up. La Chine est désormais un acteur de poids en oncologie. Elle serait à l’origine de 19 % des produits recensés dans le pipeline.

Pour autant, ces chiffres ne doivent pas masquer les échecs cuisants. L’oncologie affiche en fait le plus bas taux de succès des essais cliniques (5,2 %), toutes spécialités médicales confondues. Il s’explique d’abord par les échecs dans les tumeurs solides les plus fréquentes, compensés par des résultats plus flatteurs dans les cancers rares et les cancers hématologiques.

Cancer, CA de 300 milliards de dollars en 2026

L’avenir en attendant s’écrit dans les anticorps bi-spécifiques et les anticorps conjugués dont le nombre des essais cliniques explose, sans oublier bien sûr les thérapies cellulaires et les Car-T bien sûr. Risquent-ils de détrôner la classe des PD-1/ PD-L1 ? À ce jour, 5 761 essais sont menés avec des produits issus de cette classe thérapeutique, soit une croissance de 283 % au cours des cinq dernières années. Qui dit mieux ? Cette effervescence s’explique aussi par l’impact économique du cancer. Le chiffre d’affaires de 185 milliards de dollars atteint devrait être pulvérisé en 2026 avec un montant de 300 milliards de dollars prévu par les experts d’Iqvia. La crise économique peut-elle impacter ces prévisions ?

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr