Une bithérapie avec le bulévirtide fait ses preuves dans l’hépatite D chronique

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Publié le 10/06/2024
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Un essai clinique international sous coordination Inserm ouvre de bonnes perspectives quant à l’efficacité du bulévirtide combiné à l’interféron pégylé pour l’hépatite D chronique. Avec cette nouvelle piste thérapeutique, la charge virale est réduite plus rapidement et chez plus de patients que la monothérapie par bulévirtide.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

La bithérapie associant le bulévirtide (Hepcludex, Gilead) au peginterféron alfa-2a montre une meilleure efficacité dans la réduction de la charge virale que le bulévirtide seul dans l’hépatite D, d’après un nouvel essai clinique. Les résultats de cette phase 2b ont été publiés dans The New England Journal of Medicine ce 6 juin. Si l’interféron pegylé alfa-2a est déjà utilisé hors autorisation de mise sur le marché (AMM) dans l’infection au virus de l’hépatite Delta (VHD), et que le bulévirtide dispose d’une AMM européenne, la question de l’efficacité de leur association restait posée.

Une équipe internationale coordonnée par le Pr Fabien Zoulim, hépatologue aux Hospices civils de Lyon et chercheur Inserm, a comparé quatre stratégies : peginterféron seul en injection sous-cutanée à 180 µg par semaine pendant 48 semaines, bulévirtide seul en injection sous-cutanée à 10 mg par jour pendant 96 semaines, et deux bithérapies combinant peginterféron alfa-2a (48 semaines) au bulévirtide (96 semaines), soit à 2 mg soit à 10 mg. L’ARN du VHD a été mesuré à 48 et 96 semaines de traitement puis à 24 et 48 semaines post-traitement. Le critère principal de jugement était une charge virale indétectable à 24 semaines après le traitement ; la comparaison principale de l’étude concernait la bithérapie peginterféron + bulévirtide à 10 mg par rapport au bulévirtide seul.

À 24 semaines après la fin du traitement, la charge virale du VHD était indétectable chez 17 % des patients du groupe peginterféron seul, 32 % de ceux de la bithérapie bulévirtide 2 mg + peginterferon, 46 % de ceux de la bithérapie bulévirtide 10 mg + peginterféron, et 12 % de ceux du groupe bulevirtide 10 mg. Pour la comparaison principale, la différence entre les deux groupes était ainsi de 34 points de pourcentage (intervalle de confiance à 95 %, 15 à 50 ; p < 0,001)

Un traitement qui reste efficace à plus long terme

L’étude se penche également sur la stabilité de l’effet du traitement (charge virale indétectable) à plus long terme, à 48 semaines post-traitement : 46 % des patients du groupe bithérapie avec bulévirtide à 10 mg avaient une charge virale indétectable, contre 12 % du groupe bulévirtide seul. Pour les deux autres groupes, la charge virale était indétectable pour un quart des patients (un chiffre à la hausse pour le peginterféron seul et à la baisse pour la bithérapie avec bulévirtide 2 mg). L’écart entre les différents groupes reste important et laisse présager de bonnes perspectives thérapeutiques. L’étude montre aussi que ces résultats favorables ont été obtenus sans perte des antigènes du VHB, suggérant qu’il n’est pas nécessaire de traiter l’hépatite B au préalable.

L’étude présente tout de même quelques limites, qui ne permettent pas encore de statuer sur des recommandations : le groupe témoin interféron seul comprenait moitié moins de patients que les autres groupes, impactant l’analyse statistique. De plus, l’essai n’était pas en double aveugle. Ces conclusions permettent néanmoins de soulever une piste prometteuse dans le traitement de l’hépatite D chronique, avec un pronostic amélioré pour une plus grande part de patients.


Source : lequotidiendumedecin.fr