Une étude du BMJ remet l'accent sur le risque cognitif des anticholinergiques

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Publié le 26/04/2018
MMSE

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Crédit photo : APHP-BROUSSE/PHANIE

La prise d’anticholinergiques est associée à un risque accru de démence, rappelle une étude publiée dans le BMJ par des chercheurs britanniques, qui insiste toutefois sur l’impossibilité de conclure à un lien de cause à effet.

De nombreuses études ont en effet rapporté un lien entre l'utilisation d'anticholinergiques et le déclin cognitif et la démence, sans qu’il soit clairement établi si cet effet est dû aux médicaments eux-mêmes ou aux conditions sous-jacentes justifiant cette prescription.

Les auteurs ont étudié les données de 40 770 patients âgés de 65 à 99 ans diagnostiqués déments entre avril 2006 et juillet 2015. Chaque patient a été apparié à des patients témoins d'âge et de sexe similaires, mais sans démence (étude cas contrôle).

Les traitements ont été notés en fonction de leur activité anticholinergique en utilisant l'échelle cognitive anticholinergique (ACB). Un score ACB de 1 a été classé comme potentiellement anticholinergique, alors qu'un score de 2 ou 3 était définitivement anticholinergique. Le niveau d’exposition anticholinergique a été évalué sur une période d'exposition de 4 à 20 ans avant un diagnostic de démence.

Un total de 14 453 (35 %) cas de démences et 86 403 (30 %) témoins ont reçu au moins un anticholinergique avec un score ACB de 3 au cours de cette période. Les personnes souffrant de démence étaient 30 % plus susceptibles que les autres d'avoir pris des médicaments anticholinergiques.

En tenant compte des facteurs potentiellement confondants, les chercheurs ont découvert que les antidépresseurs anticholinergiques, les antiparkinsoniens et les médicaments pour traiter l'incontinence urinaire, tous de niveau 3 sur le score ABC, étaient liés à une augmentation du risque de démence jusqu'à 20 ans après exposition.

À l’inverse, aucun risque accru n'a été trouvé pour d'autres anticholinergiques de niveau 1, ni même pour ceux à effets gastro-intestinaux ou respiratoires pourtant de niveau 3 sur le score ACB.

Les auteurs se gardent toutefois d’établir un lien de cause à effet, « nous ne savons pas avec certitude, c'est si le traitement est la cause » de la démence, a nuancé l'un des auteurs de l'étude, George Savva, de l'université d'East Anglia. Ce lien « pourrait aussi s'expliquer par le fait que ces traitements sont prescrits pour des symptômes très précoces indiquant l'apparition d'une démence », a-t-il poursuivi.

Ils concluent sur une mise en garde lors de la prescription de ces classes médicamenteuses sur le long terme aux patients les plus âgés. Une notion que les spécialistes français ont bien en tête puisque dans l’incontinence urinaire, l’algorithme GRAPPPA guidant la prise en charge de l’incontinence du sujet âgé préconise bien de s’assurer d’un score de MMS supérieur à 15 avant de prescrire un anticholinergique.


Source : lequotidiendumedecin.fr