Le rythme circadien fait payer les incartades nocturnes. Une étude publiée dans le Lancet Europe a établi que l’exposition à une lumière nocturne (entre 00 h 30 et 06 h 00), comme une lampe ou une télévision, perturbe les rythmes circadiens, ce qui augmente le risque de développer un diabète de type 2 (DT2).
Ce travail s’appuie sur une cohorte de près de 85 000 individus de la UK Biobank suivis durant 8 ans et dont les données d’exposition à la lumière ont été collectées. À partir de 13 millions d’heures de données de capteurs de lumière (correspondant à une observation de 670 000 personnes-années), les auteurs ont ainsi démontré que le fait de ne pas dormir complètement dans le noir et d’avoir des schémas lumineux susceptibles de perturber les rythmes circadiens expose à un risque plus élevé de développer un DT2.
De précédentes études avaient établi que les perturbations du rythme circadien, par exemple la désynchronisation ou l’affaiblissement du signal de l’horloge interne (pacemaker ou oscillateur circadien), étaient impliquées dans le développement du DT2. L’horloge interne orchestre en effet les processus métaboliques tels que l’homéostasie glucidique et la sécrétion d’insuline.
Les auteurs recommandent ainsi d’éviter de dormir avec une exposition à la lumière ; une mesure qui fonctionnerait même chez les personnes avec un risque génétique plus élevé. Selon eux, cela assurerait de « conserver une régularité dans l’alternance entre les phases actives (le jour) et les phases de repos (la nuit) ». Quant aux travailleurs de nuit, les auteurs estiment que « le fait de se plonger dans l’obscurité durant la journée pour dormir suffit pour envoyer au cerveau un signal efficace de repos ».
Une différence de risque similaire à celle du risque génétique
Les participants (58 % de femmes), au nombre de 84 790 et âgés en médiane de 62,3 ans, ont porté des capteurs de lumière mesurant leur exposition durant une semaine, jour et nuit. Les chercheurs ont ensuite modélisé l'amplitude et la phase circadiennes des participants. Après un suivi médian de 7,9 ans, les auteurs ont recensé 1 997 nouveaux cas de DT2. De ces données, ils ont conclu que les personnes exposées à des lumières nocturnes plus brillantes et celles exposées à des lumières susceptibles de perturber les rythmes circadiens avaient un risque de diabète plus élevé, comparé aux personnes exposées à des nuits dans l’obscurité.
De plus, les individus avec une faible amplitude circadienne (HR = 1,07) et une phase circadienne précoce ou tardive (HR = 1,06) étaient plus exposés au risque de DT2. Le risque de DT2 était plus élevé de 7 % en cas de suppression de l’amplitude circadienne, de 18-39 % en cas d’avance de phase, et de 6-30 % en cas de retard de phase. Cette association était « dose-dépendante », plus il y avait de lumière la nuit, plus le risque était élevé. Les auteurs indiquent avoir ajusté en fonction de l'âge, le sexe, l'origine ethnique, les facteurs socio-économiques et le mode de vie, ainsi que le risque polygénique.
L’exposition à la lumière nocturne et le risque polygénique ont prédit de façon indépendante le risque de DT2. Et la différence de risque de DT2 entre les personnes exposées à la lumière la nuit par rapport à celles dormant dans le noir était similaire à celle observée entre les personnes au risque génétique faible par rapport à celles au risque élevé, était similaire.
Les auteurs émettent l’hypothèse selon laquelle la lumière, malgré les paupières closes, générerait un signal au cerveau qui viendrait perturber la régulation de l’insuline. Ils ont d’ailleurs constaté des glycémies plus élevées chez des volontaires ayant passé une nuit dans une chambre éclairée.
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