À Pari(s) Santé Femmes, des messages sur la prise en charge du cancer de l’endomètre

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Publié le 13/06/2024
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Lors du diagnostic d’un cancer de l’endomètre, la caractérisation moléculaire des tumeurs pour choisir finement le traitement n’est pas encore systématique, regrettent les sociétés savantes à Pari(s) Santé Femmes lors de la présentation d’une campagne de sensibilisation tous publics.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Une orange turquoise. C’est aux couleurs d’une campagne de sensibilisation au cancer de l’endomètre, qu’un consortium de sociétés savantes de gynécologie et d’oncologie* s’est réuni durant l’édition 2024 de Pari(s) Santé Femmes pour une conférence de presse. Le visuel, réalisé avec la participation d’associations de patientes**, sera diffusé durant septembre turquoise, le mois des cancers gynécologiques.

Déplorant le manque de connaissances du grand public pour le deuxième cancer gynécologique en France, le consortium a également insisté sur le rôle primordial des centres experts pour la caractérisation moléculaire des tumeurs. C’est ainsi en référence à un poème de Paul Éluard que la campagne mettra en avant l’orange turquoise pour attirer l’attention sur cet organe, trop négligé après la ménopause. « Il y a des manques pour le cancer de l’endomètre qui touche une femme sur 70 et est responsable de 2 500 décès par an. Pourtant, quand il est pris en charge à un stade localisé, il est de bon pronostic », déplore le Pr Vincent Lavoué du CHU de Rennes.

Statut Pole, MMR, p53… à chaque cancer sa signature moléculaire

La Pr Alejandra Martinez, oncologue chirurgienne à l’IUCT-Oncopôle de Toulouse, rappelle qu’après la biopsie et l’analyse histologique, une caractérisation moléculaire de la tumeur est indiquée dans les recommandations européennes de 2021. « Après l’anatomopathologie, il faut définir les statuts Pole, MMR et p53, qui permettent de cibler les traitements : soit chirurgie seule mini-invasive ou complète, soit addition d’une chimiothérapie pour les patientes avec mutation de p53 », explique la Pr Martinez. Et, ce, d’autant plus que dans certains cas, le cancer est lié à un syndrome de Lynch, « c’est une perte de chance pour les patientes, mais aussi pour leur parentèle », rappelle le Pr Martin Koskas, gynécologue chirurgien à l’hôpital Bichat (AP-HP). Or, alors que tous les centres ne disposent pas des plateformes pour réaliser cette caractérisation, « il est primordial de s’appuyer sur les centres experts et de vérifier que les patientes ont bénéficié de cette classification », insiste les deux chirurgiens.

« Un saignement après la ménopause n’est pas normal »

Enfin, les experts ont attiré l’attention sur la population la plus concernée par le cancer de l’endomètre. Avec une médiane d’âge de 69 ans, ce cancer touche plus volontiers les femmes après la ménopause qui tendent, de plus, à ne plus consulter régulièrement un gynécologue et chez qui sont retrouvés les stades les plus avancés. Surpoids ou obésité, diabète, antécédents de cancer, nulliparité, exposition aux œstrogènes, prédisposition génétique sont des facteurs de risque de ce cancer. Des caractéristiques plus fréquentes dans les pays industrialisés à haut revenu, où son incidence y est plus élevée. Il convient donc d’encourager les patientes à consulter régulièrement un gynécologue, ou une sage-femme, au moins une fois par an, et de ne pas arrêter après la ménopause. « Un saignement après la ménopause n’est pas normal, il ne faut pas attendre et consulter au plus tôt », martèle le Pr Lavoué.

*Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), Société de chirurgie gynécologique et pelvienne (SCGP), Société française d’onco-gynécologie (SFOG), Société française de chirurgie oncologique (SFCO), Fonds pour la santé des femmes (FSF)

**Initiative des malades atteintes de cancers gynécologiques (Imagyn), Mon Réseau cancer gynéco, Association Syndrome de Lynch France


Source : lequotidiendumedecin.fr