Pour l'Académie de médecine la prochaine loi de bioéthique doit autoriser l'autoconservation d'ovocytes

Publié le 19/06/2017
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Crédit photo : STEVE GSCHMEISSNER/SPL/PHANIE

Les femmes qui le souhaitent doivent pouvoir conserver leurs ovocytes en prévision d'éventuels problèmes de fertilité après 35 ans, recommande l'Académie de médecine dans son rapport, adopté par 54 voix pour, 12 contre et 22 abstentions. Aujourd'hui, cette "autoconservation des ovocytes" est obligatoirement couplée à un don pour autrui. Les Françaises qui veulent conserver leurs ovocytes en prévision de grossesses futures vont donc à l'étranger.

"Il existe un mercato de la congélation d'ovocytes (...) dans un but lucratif. Les Françaises doivent y avoir accès de manière légale et contrôlée", fait valoir le professeur Philippe Bouchard, qui a participé à la rédaction du rapport dans lequel l'Académie recommande que les femmes puissent se faire prélever leurs propres ovocytes jusqu'à 35 ans afin de les conserver et de les utiliser plus tard si besoin dans le cadre d'une éventuelle PMA.

"C'est une étape supplémentaire pour permettre aux femmes de maîtriser leur propre fertilité", a estimé le professeur Jacques Milliez, qui a présidé à la rédaction du rapport. "Il n'est pas question d'autoriser des grossesses à 65 ans mais de permettre à des femmes dont la fertilité baisse d'avoir des chances de grossesse jusqu'à 43 ou 45 ans", a souligné le professeur Bouchard. Pour l'autoconservation des ovocytes, l'Académie met en avant un constat sociétal : les couples ont des enfants plus tard qu'auparavant (5 % des accouchements concernent des mères d'au moins 40 ans, contre 1 % en 1980), alors que la fertilité des femmes baisse à partir de 35 ans.

Depuis la loi de bioéthique de 2011, une femme qui n'a jamais eu d'enfant peut conserver ses ovocytes en France, mais à condition qu'ils soient prélevés dans le cadre d'un don et qu'en cas de nombre insuffisant, priorité aille au don. "Cette offre (...) peut être perçue comme un chantage", écrit l'Académie. De plus, "compte tenu de la large priorité accordée au don, les chances pour ces donneuses de conserver des ovocytes pour elles-mêmes sont quasi nulles", poursuit l'instance. Il faut en effet 15-20 ovocytes pour espérer une grossesse. Pour une même femme, il faudrait donc multiplier les cycles de stimulation hormonale nécessaires au prélèvement si l'on veut que le don et l'autoconservation aient tous deux des chances d'être efficaces. Éthiquement pas acceptable pour l'Académie qui ne tranche pas la question du remboursement ou non, même si les membres du groupe de travail penchent pour la deuxième hypothèse.

L'Académie souhaite que cette disposition figure dans la prochaine révision de la loi de bioéthique, qui aura lieu au plus tard en 2018. Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) pourrait à son tour aborder la question dans l'avis qu'il rendra d'ici fin juin sur la PMA.


Source : lequotidiendumedecin.fr