Quels sites influencent le plus les médecins dans leurs prescriptions ?

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Publié le 14/06/2024

Deux thèses menées conjointement sur l’information médicale en ligne fournissent des données sur les sites les plus visités par les médecins généralistes. Plus de 60 % des recherches modifient la décision du généraliste.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Désormais médecins généralistes, les internes Romain Vandepitterie et Côme Julienne ont soutenu leur thèse sur l’information médicale en ligne. Ce travail a été documenté sur le profil LinkedIn du Dr Vandepitterie. Grâce à l’extension Gélule développée par Romain Vandepitterie, les deux thésards ont collecté les données de navigation de 85 médecins volontaires de 35,6 ans en moyenne. En analysant 829 sessions de recherche sur les 1 300 enregistrées, ils ont pu établir un classement des sources les plus consultées et des sites qui modifient le plus la prescription de leurs confrères.

Si les sites de l’Institut Pasteur, Ordotype ou encore RecoMédicales arrivent en tête du classement des sites modifiant la prescription, le Crat, antibioclic ou encore le Vidal ne sont pas loin. Environ 63 % des recherches entraîneraient une modification de la prescription des médecins généralistes, et 28 % des sources consultées seraient des sites d’aide à la décision médicale (SADM). Des résultats qui « ne les étonnent pas et dans lesquels ils se retrouvent », indiquent-ils.

Antibioclic, le site le plus visité lors d’une consultation

Sources nombreuses, sites mal référencés, information noyée dans le volume des contenus… c’est devant ce constat que ces jeunes médecins ont souhaité mener un travail de thèse sur le sujet de l’information médicale en ligne. L’extension Gélule a récolté les données de navigation des médecins volontaires comme les mots-clés tapés dans les moteurs de recherche, les sites visités ou encore le temps de navigation.

Ils ont tout d’abord établi un classement des 30 sites les plus consultés par les médecins généralistes de leur cohorte, dont la répartition géographique n’est pas connue. Antibioclic arrive ainsi en tête suivi des sites du Vidal, de la Haute Autorité de santé, du site MSD manuals, celui de la base de données publique des médicaments ex aequo avec celui d’Ameli, de la Revue médicale Suisse, du site Dermatoclic, du site de l’Association française de formation médicale continue en hépato-gastroentérologie et, ex aequo, du site RecoMédicales et celui du Crat.

Les sources consultées ont également été classées par catégorie : 28 % de sites « SADM », 22 % de sites « Grand public », 21 % de sites « Bases de données médicales », 17 % de sites de « Sociétés savantes », 9 % de sites « Revues médicales », 3 % de sites « Institutions publiques » et 1 % de sites « Universités ». Enfin, les spécialités les plus recherchées sont l’infectiologie (26 %) et la pharmacologie (25 %), et les recherches concernent plus fréquemment la thérapeutique (59 %) et le diagnostic (17 %).

Dans leur population d’étude, les médecins réalisaient entre 0,7 et 1,6 recherche en ligne par jour, et consultaient en moyenne 1,21 source par recherche pour une durée médiane de 57 secondes. « L’objectif n’est pas une critique des médecins généralistes, mais plutôt des outils existants, car si l’information existe, le référencement est mauvais et la noie dans de l’information grand public », commente le Dr Romain Vandepitterie pour le Quotidien. De plus, le classement des sites dépend également de l’offre d’information à ce sujet, « un médecin n’effectuera une recherche que s’il estime qu’il a de bonnes chances de trouver une réponse. C’est parce qu’il existe un SADM d’infectiologie (Antibioclic) ou des bases de données (Vidal) répondant bien aux besoins des médecins en consultation que ces spécialités sont plus concernées par les recherches en ligne », peut-on lire dans la discussion de la thèse du Dr Julienne.


Les sites d’aide à la décision médicale modifient le plus les prescriptions

Leur travail s’est ensuite attelé à préciser l’influence de ces sites sur les prescriptions dans leur cohorte. Ainsi, dans 63 % des cas, les recherches en ligne changent les prescriptions et il faut 1,6 recherche pour changer une prescription. Ils retrouvent, parmi le top 10, que 91,67 % des médecins ayant visité le site pasteur.fr ont modifié leur prescription, 88,89 % pour ceux ayant visité ordotype.fr, 76,92 % pour recomedicales.fr, 68,42 % pour dermatoclic.com, 67,44 % pour has-sante.fr, 66,67 % pour mesvaccins.net et la base de données des médicaments, 64,14 % pour vidal.fr ou encore 58,33 % pour ameli.fr, 63,33 % pour antibioclic.com et 44,44 % pour pap-pediatrie.fr.

Un top 10 qu’ils décrivent comme « dominé par les outils d’aide à la décision médicale » et où les sociétés savantes, à part la HAS, ne sont pas présentes. « Les classements du site de Pasteur et Antibioclic peuvent s’expliquer par l’effet d’apprentissage du site Antibioclic qui couvre un domaine restreint. En effet, il est fréquemment consulté car les participants le consultent pour se rassurer. Le site Pasteur traite du sujet peu connu de la vaccination des voyageurs et il est plus probable qu’il change la prescription », rajoute le Dr Côme Julienne pour le Quotidien.


Source : lequotidiendumedecin.fr